Mali: Léré, dans la région de Tombouctou, sous blocus jihadiste depuis deux mois

Mali: Léré, dans la région de Tombouctou, sous blocus jihadiste depuis deux mois

Le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, avait décrété un embargo sur Léré le 29 novembre. La ville située à une soixantaine de kilomètres de la frontière mauritanienne est un important lieu de passage pour les voyageurs et les commerçants. Mais depuis deux mois, le calvaire des habitants se poursuit, dans le plus grand silence des autorités de transition.

Aucun camion de marchandises, aucun car de transport ne passe. Selon plusieurs ressortissants de Léré et notabilités de la région de Tombouctou, le blocus demeure « total ». Une vidéo transmise à RFI montre des rues du centre de la ville quasi désertes, de nombreuses boutiques fermées. « Nous sommes le 21 janvier à Léré, déclare celui qui filme, il n’y a pas de riz, pas de viande, pas de pâtes, pas d’huile, il n’y a rien. » Cet habitant de Léré appelle ensuite les autorités à l’aide.

Les populations continuent de se nourrir grâce aux stocks de certains opérateurs économiques et, dans une moindre mesure, à la contrebande de certains commerçants, qui réussiraient à faire passer quelques marchandises venues d’Algérie et de Mauritanie en payant les jihadistes du Jnim. Ce qui ne permet pas d’empêcher une raréfaction des produits et une explosion des prix.

Silence des autorités

L’armée est présente à Léré, où elle dispose même d’un camp militaire. « Seule l’armée passe sans souci », témoigne une source, mais « elle n’a jamais approvisionné la ville », déplorent plusieurs autres.

Lors du blocus très médiatisé de Farabougou, deux mois après le coup d’État militaire d’août 2020, l’armée avait mis en scène le transport de denrées alimentaires par hélicoptère, avant de mener une opération de « libération ». Assimi Goïta, à l’époque colonel et vice-président de la Transition, s’était personnellement affiché devant les caméras, dirigeant l’opération.

Sollicités par RFI sur le blocus actuel à Léré, ni l’armée malienne, ni le gouvernorat de Tombouctou n’ont donné suite. « Ils ne se sont jamais adressés aux populations sur le sujet », confirment plusieurs sources, qui dénoncent une omerta et, pour certaines de ces sources, un aveu d’impuissance.

Léré est une ville moyenne de 26 748 habitants, selon les derniers chiffres officiels de 2023, et traditionnellement un important centre de passage pour les voyageurs et les commerçants. La ville se trouve sur une route habituellement empruntée pour relier Bamako et Tombouctou, via Niono.

La capitale régionale demeure cependant bien approvisionnée grâce à des voies de contournement : les marchandises peuvent être acheminées par camion jusqu’à Mopti, puis par pinasses, sur le fleuve, jusqu’à Tombouctou. La route reliant Tombouctou à Douentza, puis au sud du Mali, reste également pratiquée.