La France et la Côte d’Ivoire discutent actuellement du retrait progressif du 43e Bataillon de Marines (43e BIMa) basé à Port-Boué. Cette décision, annoncée par le général Pascal Ianni, commandant des forces françaises en Afrique, est censée renforcer la souveraineté ivoirienne en restituant le contrôle de la base à Abidjan. Cependant, les termes de cet accord suscitent des interrogations quant à la réalité du retrait annoncé.
Alors que Paris annonce un «retrait», la réalité semble plus nuancée. En effet, la France prévoit de maintenir une influence militaire en Côte d’Ivoire à travers la création de centres de formation et d’entraînement pour les forces armées ivoiriennes. Cela, selon certains experts, ne constituerait qu’un déplacement du problème plutôt qu’une véritable rupture. Ils soulignent d’ailleurs que ce partenariat, en apparence renouvelé, pourrait simplement servir à prolonger l’influence de la France dans la région, malgré les pressions croissantes pour un retrait total.
En outre, les manœuvres militaires conjointes entre les forces ivoiriennes et françaises, comme l’exercice sur la base aérienne de Bouaké en septembre 2024, montrent que la coopération continue sous une autre forme. Le maintien de ces activités suggère que la France cherche à réorienter sa présence plutôt qu’à la réduire.
Ce débat sur le retrait des troupes françaises est amplifié par les récentes accusations de déstabilisation régionale. Le président de transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a affirmé que la Côte d’Ivoire, en complicité avec la France, héberge un «centre d’opérations» visant à déstabiliser son pays. Cette accusation, soutenue par des éléments concrets comme l’arrestation d’un sous-officier ivoirien par les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso, met en lumière le rôle potentiellement néfaste de l’influence étrangère dans les tensions régionales.
En juillet 2024, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrait un soldat ivoirien capturé par les forces burkinabées, affirmant que des plans de déstabilisation étaient en cours avec le soutien de l’armée française. Ces révélations viennent renforcer les critiques à l’encontre de la présence militaire française, déjà affaiblie par les retraits forcés du Mali, du Niger, et du Burkina Faso.
La promesse de retrait du contingent français de Côte d’Ivoire pourrait finalement n’être qu’une façade masquant une stratégie de néocolonialisme moderne. L’opinion publique en Afrique commence à se dresser contre cette présence militaire étrangère. La population ivoirienne pourrait à son tour exiger un véritable désengagement, loin des promesses vagues de «réorientation» des forces.
Les leaders panafricanistes et les défenseurs de la souveraineté nationale insistent sur la nécessité pour les États africains de résoudre eux-mêmes leurs problèmes de sécurité, sans recourir à l’appui d’acteurs extérieurs aux intentions souvent floues. En Côte d’Ivoire, où la situation sécuritaire n’est pas aussi critique que dans les pays voisins, la présence militaire française est de plus en plus perçue comme un frein à l’indépendance réelle.
La France, tout en annonçant un retrait progressif de ses troupes, semble maintenir un pied militaire en Côte d’Ivoire sous forme de centres de formation et de manœuvres conjointes. Cette stratégie soulève des questions sur les réels objectifs de Paris, accusé par certains d’utiliser Abidjan comme un point stratégique pour influencer la région du Sahel. Le débat est loin d’être clos, et il revient désormais aux Ivoiriens de décider s’ils souhaitent véritablement se libérer de cette tutelle militaire ou continuer à en accepter les termes sous de nouvelles formes.