Un tribunal algérien a remis en liberté jeudi, sous contrôle judiciaire étroit, Fethi Ghares, une figure de l’opposition, qui avait été arrêté mardi, dans l’attente de son procès pour outrage au président Abdelmadjid Tebboune, selon son avocat.
Cet opposant de la gauche laïque est inculpé pour “outrage au président” et “diffusion de fausses informations et d’un discours de haine à travers des publications sur les réseaux sociaux”, a précisé à l’AFP son avocat, Abdelghani Badi. Son épouse, Messaouda Cheballah, également militante politique, est poursuivie pour complicité et soumise aux mêmes mesures de contrôle judiciaire.
Cette mesure leur impose de “pointer tous les 15 jours” auprès du tribunal pendant l’instruction, en attendant une date pour leur procès. Le couple a également interdiction de publier des informations sur les réseaux sociaux et de parler aux médias, à l’approche de l’élection présidentielle du 7 septembre, où M. Tebboune brigue un deuxième mandat.
Ancien coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS, interdit), Fethi Ghares, 49 ans, avait été arrêté à son domicile mardi et emmené dans un lieu inconnu, selon son épouse et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Arrêté et écroué fin juin 2021 pendant le Hirak, le mouvement pro-démocratie qui a chassé du pouvoir l’ex -président Abdelaziz Bouteflika, l’opposant avait été condamné en janvier 2022 en première instance à deux ans de prison.
M. Ghares s’était engagé dès 2019 dans ce vaste mouvement populaire, qui réclamait un changement radical du système de gouvernance en place depuis l’indépendance en 1962. M. Ghares avait été poursuivi pour “atteinte à la personne du président” Tebboune, “outrage à corps constitué” et “diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale” et “à l’ordre public”.
Il avait été libéré en mars 2022 après avoir bénéficié d’une réduction de sa peine en appel. Le MDS, successeur du Parti communiste algérien, a été interdit en février 2023. Selon le CNLD, des dizaines de personnes en lien avec le Hirak ou la défense des libertés individuelles, sont encore emprisonnées en Algérie. En février, Amnesty International a estimé que cinq ans après cette mobilisation, le pouvoir algérien continuait de “réprimer les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique”, en “ciblant les voix critiques de la dissidence”.