Dans le nord du Mali, l’armée lance une « campagne aérienne » avec l’appui des forces burkinabées

Au moins six civils ont été tués par des tirs de drones à Tin Zaouatine, où les militaires maliens et leurs alliés russes de Wagner ont subi un gros revers lors de combats contre des séparatistes.

Au moins six civils ont été tués par des tirs de drones, mardi 30 juillet, à Tin Zaouatine, une localité du nord du Mali où l’armée et ses alliés russes ont subi un gros revers et de lourdes pertes, samedi, lors de combats contre des séparatistes, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès d’élus et de séparatistes.

Dans un communiqué, l’armée malienne affirme avoir commencé « ce mardi 30 juillet 2024 une campagne aérienne dans le secteur de Tin Zaouatine […] en coordination avec les Forces armées du Burkina Faso ». Cette campagne vise, selon ce communiqué, à « sécuriser les personnes et les biens dans la localité de Tin Zaouatine et ses environs, contre la coalition de terroristes auteurs d’exactions, d’abus et de trafics illicites contre les populations maliennes ». Elle est menée « conformément à la solidarité entre les Etats membres » de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et « en application du mécanisme de défense collective et d’assistance mutuelle ».

Les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina sont réunis au sein de la nouvelle confédération de l’AES après leur départ de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à la suite de désaccords avec cette organisation, qu’ils accusent d’être menée par la France. Ils ont annoncé lors de leur propre sommet, le 6 juillet à Niamey, l’institution d’une confédération.

Des élus et un porte-parole des séparatistes avaient plus tôt annoncé à l’AFP la mort d’au moins six civils, les attribuant à des drones tirés par l’armée malienne et ses alliés russes de Wagner. « Les drones ont tué mardi au moins six civils. Parmi eux, certains sont de nationalités soudanaise, nigérienne et tchadienne », a dit à l’AFP un élu local. Un autre élu a accusé l’armée malienne et ses alliés russes d’avoir « tiré des drones qui sont tombés sur les civils, tuant dix personnes ».

Lourdes pertes

Un porte-parole des séparatistes du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), Mohamed Elmaouloud Ramadane, a affirmé à l’AFP que « les tirs de drones de l’armée malienne accompagnée de Wagner ont pris pour cibles des civils orpailleurs travaillant dans une mine vers la frontière algérienne ». Ces tirs ont provoqué « des dizaines de morts, majoritairement des Haoussa nigériens et des Tchadiens », a ajouté M. Elmaouloud Ramadane. Une source malienne, interrogée par l’AFP, a précisé que « les drones ont visé et atteint un véhicule pick-up transportant des terroristes et des armes », sans donner plus de détails.

L’armée malienne et ses alliés russes ont subi samedi l’un de leurs plus gros revers depuis des années dans le nord du Mali, encaissant de lourdes pertes après des combats contre les rebelles séparatistes et une attaque des djihadistes. Si aucun bilan officiel n’a été transmis, l’armée malienne a reconnu « un nombre important de morts » à Tin Zaouatine, et une chaîne Telegram associée à la milice Wagner a confirmé des pertes dans leurs rangs et la mort d’un commandant.

Les séparatistes ont revendiqué « une victoire éclatante », l’un de leurs cadres évoquant des dizaines de morts parmi les Russes, tandis que les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affiliés à Al-Qaida, ont affirmé avoir tué 50 Russes et 10 Maliens.

Le Mali est en proie depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique (EI) et aux violences de groupes communautaires et crapuleux. La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta a depuis 2022 multiplié les actes de rupture, notamment avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.