Au Mali, la quasi-totalité des partis politiques, rassemblés au sein de la Déclaration du 31 mars pour le retour à l’ordre constitutionnel, ont annoncé lundi leur décision de boycotter toute discussion avec les autorités maliennes de transition. Et cela jusqu’à la libération des onze cadres politiques arrêtés le 20 juin 2024 et accusés notamment d’ « opposition à l’exercice de l’autorité légitime ». La semaine dernière, pourtant, Bamako avait levé la suspension des activités politiques, qui était imposée aux partis et associations du Mali depuis avril dernier.
« La levée de la suspension des activités politiques ne me semble pas une mesure qui tend véritablement vers une décrispation du climat socio-politique dans le pays », analyse Oumar Berté, avocat et politologue malien à l’Université de Rouen, qui rappelle que « onze responsables politiques sont en détention sur la base de cette mesure liberticide. Et la semaine dernière, alors même que la mesure venait d’être levée, un autre responsable politique a été placé sous mandat de dépôt. »
Pour le chercheur, les faits parlent donc d’eux-mêmes : « si les autorités de transition étaient dans le sens d’une décrispation, la première chose aurait pu être de libérer les responsables politiques. Les partis ayant posé cette condition comme indispensable à la poursuite de tout dialogue, pour l’instant ce dialogue est rompu. »
Les autorités maliennes de transition paraissent cependant déterminer à renouer le dialogue avec les partis. C’était d’ailleurs le sens de leur convocation, lundi, au siège de l’Autorité dite « indépendante » de gestion des élections (Aige). Pourraient-elles, dès lors, accéder rapidement à la requête des partis et libérer les responsables politiques détenus ?
Moyen de pression
« Difficile de faire des pronostics », évalue avec prudence Oumar Berté, qui ne semble toutefois pas très optimiste sur ce point : « le fait de placer ces responsables politiques en prison est aussi un moyen de pression sur toute personne qui serait amenée à les défier [les autorités de transition, ndlr]. En procédant à leur libération, est-ce qu’ils ne montreraient pas un signe de “faiblesse” ? » s’interroge encore Oumar Berté. Et de conclure : « manifestement, les autorités de transition ne sont pas dans cette logique, et ce ne sont pas les partis politiques qui posent le tempo. »