Commissaire de la police islamique, Al-Hassan est jugé pour des actes de torture, des viols, de l’esclavage sexuel et la destruction de mausolées.
La Cour pénale internationale (CPI) rend, mercredi 26 juin, son verdict contre un chef de la police islamique accusé de « crimes inimaginables » dans la légendaire ville sanctuaire malienne de Tombouctou, théâtre d’une vague de terreur et de destructions en 2012 et 2013. Al-Hassan Ag-Abdoul Aziz Ag-Mohamed Ag-Mahmoud, dit Al-Hassan, 46 ans, est jugé pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », dont des actes de torture, viols, esclavage sexuel et destruction de mausolées.
Pendant le procès, ouvert en 2020, un avocat de victimes a affirmé que les habitants de cette ville du nord-ouest du Mali vivaient toujours dans la peur, plus d’une décennie après les faits. L’accusation a cité le cas d’un homme dont la main avait été amputée après avoir été accusé de larcins. « Il a été attaché à une chaise (…) et sa main a été coupée avec une machette », a déclaré la procureure de la CPI de l’époque, Fatou Bensouda.
Les femmes et les filles de Tombouctou ont le plus souffert de la « persécution fondée sur le genre » en vigueur sous le « règne de terreur » des djihadistes, selon Mme Bensouda. Al-Hassan, ressortissant malien, est accusé d’avoir forcé des femmes et des filles à « épouser » des combattants, certaines victimes ayant été violées à plusieurs reprises, selon l’accusation, qui estime qu’il était « personnellement impliqué » dans la flagellation de femmes accusées d’adultère. D’autres femmes ont été battues pour ce que les islamistes considéraient comme des délits, comme le fait de ne pas porter de gants, toujours selon l’accusation.
« Perle du désert »
Sous le joug djihadiste, une vague de destructions s’est abattue en 2012 et en 2013 sur Tombouctou, fondée entre le Ve et le XIIe siècles par les tribus touareg et surnommée « la ville des 333 saints » pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés. Al-Hassan est également accusé d’avoir contribué à la démolition du patrimoine culturel de Tombouctou, aussi surnommée « la perle du désert ».
Commissaire de la police islamique, Al-Hassan a lui-même procédé à des arrestations, mené des enquêtes au cours desquelles des suspects ont été torturés, et participait personnellement à la mise en œuvre de châtiments corporels, selon l’accusation.
Al-Hassan est le deuxième djihadiste malien jugé par la CPI pour la destruction des sanctuaires de Tombouctou, un site inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
La cour avait condamné en 2016 Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi à neuf ans de prison, et réduit sa peine de deux ans en appel en 2021.
Vendredi, elle a rendu public un mandat d’arrêt contre Iyad Ag-Ghali, l’un des principaux chefs djihadistes du Sahel pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » commis aussi, pour l’essentiel, à Tombouctou en 2012 et 2013. Le chef rebelle touareg radicalisé, dont l’âge n’est pas précisé, dirige le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaida, qui opère au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Aussi connu sous le nom d’« Abou Fadl », il avait fondé en 2012 le groupe Ansar Eddine qui avait envahi et occupé Tombouctou.