Le mouvement du Front du salut national – qui agrège à la fois des figures politiques de gauche comme d’anciens du parti islamiste Ennahdha – a annoncé mardi qu’il ne présenterait pas de candidat à la prochaine présidentielle qui doit se tenir cet automne en Tunisie. Il dénonce une « comédie électorale ».
Faut-il participer à la présidentielle au risque de donner du crédit à ce qu’il appelle une « comédie électorale » ou boycotter le scrutin au risque de disparaître encore plus du spectre politique tunisien ? Pour le Front du salut national, la question est désormais tranchée. Il ne participera pas.
« À ce jour, nous avons décidé de ne pas présenter de candidats car les conditions d’une concurrence ne sont pas assurées », a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, président du Front de salut national et figure emblématique de gauche qui fut par le passé un opposant à Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali. Il s’oppose aujourd’hui à Kaïs Saïed.
La position du mouvement est une position de principe mais aussi de réalité car deux figures majeures du mouvement sont toujours en prison. Arrêtées il y a plus d’un an dans le cadre d’une affaire supposée de complot contre la sûreté de l’État, ces personnalités ont été appréhendées pour leur opposition à Kaïs Saïed, selon Amnesty International, qui évoque des « détentions arbitraires ».
Le Président tunisien, qui n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, a fait savoir à plusieurs reprises qu’il ne laisserait pas le pays aux mains de « traîtres ». Des déclarations interprétées par les observateurs de la vie politique tunisienne comme une façon indirecte de se positionner pour la nouvelle course pour Carthage. À ce jour, aucune date n’a encore été annoncée pour le scrutin.