Burkina Faso: l’État admet détenir Maître Guy-Hervé Kam soupçonné «d’atteinte à la sûreté de l’État»

Burkina Faso: l’État admet détenir Maître Guy-Hervé Kam soupçonné «d’atteinte à la sûreté de l’État»

À Ouagadougou, six semaines après son arrestation, l’État burkinabè admet officiellement détenir Maître Guy-Hervé Kam. Lors d’une audience, ce mardi 5 mars, au tribunal administratif de la capitale, un agent judiciaire de l’État a admis que l’ex-fondateur du Balai citoyen et figure du barreau burkinabè était mis en cause dans une affaire « d’atteinte à la sureté de l’État ».

Il aura donc fallu pour sa famille et ses proches attendre un mois et demi après son arrestation pour apprendre que Maître Guy-Hervé Kam, kidnappé par des inconnus en civil le 24 janvier, a été en fait arrêté par des agents de sécurité.

C’est ce qu’en creux, a admis officiellement ce mardi 5 mars l’agent judiciaire de l’État lors d’une audience avec les avocats de Me Kam devant le tribunal administratif de Ouagadougou. En outre, l’agent de l’État affirme que l’ex-cofondateur du Balai Citoyen et leader du mouvement politique Sens a été appréhendé, car il était soupçonné « d’atteinte à la sûreté de l’État ».

Une accusation qui reste à être étayée selon les avocats de Me Kam, puisqu’en dépit des affirmations de l’agent judiciaire, aucun des deux tribunaux de grande instance n’est au courant d’une procédure pénale pour de telles accusations.

De son côté, l’agent de l’État a refusé de dire précisément à quel endroit état détenu Guy-Hervé Kam. Me Farama, avocat du confrère emprisonné, a dénoncé plusieurs violations de procédures et demandé que la loi burkinabè soit respectée. De la même façon, pour Yoporeka Somet, représentant du mouvement Sens, cette accusation est totalement dénuée de fondement.

Il aura fallu six semaines, donc près de 42 jours, pour qu’ils reconnaissent que ce sont eux qui l’ont enlevé – nous parlons d’enlèvement et pas d’arrestation. Maintenant, ce qu’on a appris hier, c’est le motif de cet enlèvement et de cette séquestration : c’est que son arrestation arbitraire est liée à une atteinte à la sûreté de l’État “à travers la mobilisation d’étudiants et de notables coutumiers”. Quand j’ai entendu ça, j’étais choqué, parce qu’un État sérieux, un service de renseignements sérieux, ne prend pas une personne pendant 42 jours pour sortir un motif comme ça. Ceux qui savent faire les coups d’État au Burkina, et ils sont nombreux, savent qu’on ne fait pas un coup d’État avec des étudiants et des notables. Donc je me dis que ce n’est pas possible qu’on ait une légèreté pareille au sommet de l’État. Ça veut dire qu’il n’y a rien contre lui et qu’il faut juste le remettre à sa famille, c’est tout.

Une plainte pour arrestation et détention arbitraire ayant été déposé, le délibéré devait être connu le jeudi 7 mars.