Au Mali, les habitants de Ménaka souffrent du blocus imposé par plusieurs groupes armés et notamment par les groupes jihadistes. Alimentation, essence, médicaments… l’approvisionnement de la ville est de plus en plus difficile et les produits de plus en chers. Dimanche 4 février, une délégation de la société civile de Ménaka a rencontré le gouverneur de la région pour lui faire part de toutes ces difficultés.
À l’exception de la ville de Ménaka, le groupe État islamique contrôle la totalité de la région y compris les voies d’accès au Niger voisin. Depuis la prise de Tidermène, en avril dernier, la ville de Ménaka est littéralement encerclée par les combattants de l’EI.
Les jihadistes rivaux du Jnim, liés à al-Qaïda, ont quant à eux annoncé un blocus sur les voies d’accès à la ville, à la fin du mois de septembre dernier. Fin décembre, ce fut au tour des rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent, signataires de l’accord de paix de 2015 et aujourd’hui à nouveau en guerre contre l’État malien) de décréter un embargo sur toutes les principales villes du nord du Mali dont Ménéka. Mais le Jnim et le CSP n’ont pas de présence forte dans la région de Ménaka. S’ils peuvent prétendre bloquer, en amont, la route Algérie-Kidal-Ménaka, de source sécuritaire locale, c’est essentiellement l’action du groupe État islamique qui entrave aujourd’hui l’approvisionnement de la ville.
Essence et riz
Selon les habitants, joints par RFI, l’essence est devenue rare et son prix est passé de moins de 1000 à plus de 4000 F le litre. Le prix du riz a plus que doublé. La société civile de Ménaka alerte également sur la pénurie de médicaments dans les dépôts pharmaceutiques. Après avoir sollicité le soutien du gouverneur, ses responsables préviennent, dans un communiqué : si une solution n’est pas trouvée, « d’autres actions » seront envisagées. Sollicité par RFI, le gouvernorat de Ménaka n’a pas donné suite.
Le blocus que subit la ville s’ajoute aux difficultés déjà liées à l’accueil des déplacés : ils sont plus de 45 000 dans la région, selon les chiffres de la Coordination humanitaire onusienne Ocha. Ces déplacés ont fui les violences de l’organisation État islamique et les combats qui opposent les jihadistes à l’armée malienne et aux groupes armés locaux alliés aux Fama, comme le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA).
Les familles de déplacés ont majoritairement rejoint la ville de Ménaka où elles sont logées chez des proches ou dans des sites de fortune aménagés dans la ville, avec des problèmes d’accès à l’eau. Récemment, un collectif d’associations locales lançait un cri d’alarme sur les problèmes d’hygiène et d’alimentation auxquels ces déplacés sont confrontés, sollicitant le soutien des autorités nationales et de la communauté internationale. Selon le rapport publié, fin janvier, par Ocha, 75% des ménages de Ménaka sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire et près de 20% des enfants de moins de cinq ans, dans la région, souffrent de malnutrition aiguë.