Un procès – au nom de la justice universelle – s’ouvre ce 8 janvier 2024 en Suisse devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzona : celui d’un ancien ministre de l’Intérieur de Gambie qui a officié sous le régime de Yahya Jammeh (1994-2017). Ousman Sonko y est inculpé de crimes contre l’humanité. Détails.
Un ancien ministre gambien est devant la justice helvète, à partir de ce 8 janvier 2024. Il s’agit d’Ousman Sonko, 55 ans, ministre de l’Intérieur pendant 10 ans sous la présidence de Yaya Jammeh qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 22 ans.
Il est jugé pour crimes contre l’humanité en Suisse, au nom de la justice universelle, et risque la prison à perpétuité.
Inculpé de crimes contre l’humanité
Ancien inspecteur général de la police, Ousman Sonko avait été nommé ministre de l’Intérieur de Gambie en 2006. Limogé dix ans plus tard, il avait demandé l’asile en Suisse.
L’ONG Trial International l’a appris et a déposé donc une plainte au pénal. Ousman Sonko a été arrêté en janvier 2017, et se trouve depuis en détention provisoire.
Inculpé de crimes contre l’humanité, ce dernier est accusé d’avoir participé, ordonné, ou n’avoir pas empêché des meurtres, actes de torture, viols et détentions illégales, à plusieurs reprises entre 2000 et 2016. Des accusations qu’il rejette.
Dix personnes se sont constituées parties plaignantes, dont huit victimes directes.
« Les victimes et le public gambien ont déjà trop attendu »
Plusieurs organisations gambiennes et internationales voient dans la tenue de ce procès une avancée importante. Elles regrettent toutefois que le procès se déroule en allemand, alors que la Gambie est un pays anglophone.
Human Rights Watch rappelle aussi que la Gambie n’a vu aboutir que deux affaires judiciaires pour des crimes commis sous la présidence de Yaya Jammeh. « Les victimes et le public gambien ont déjà trop attendu l’opportunité de voir la justice rendue », affirme l’organisation.
Le procès d’Ousman Sonko devrait durer environ un mois. Le verdict n’est pas attendu avant mars.