La Russie va rouvrir jeudi son ambassade au Burkina Faso qu’elle avait fermée en 1992, poursuivant un rapprochement avec ce pays sahélien dirigé par un régime militaire depuis l’an dernier, et qui cherche à diversifier ses partenaires depuis sa rupture avec la France.
“La Russie ouvre officiellement son ambassade ce jeudi à Ouagadougou”, a indiqué le ministère des Affaires étrangères burkinabè dans un communiqué. Selon la même source, cette annonce fait suite à des échanges mercredi à ce sujet entre le chef de la diplomatie burkinabè fraîchement nommé, Karamoko Jean-Marie Traoré, et l’ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire accrédité au Burkina Faso, Alexeï Saltykov.
L’ambassadeur au Burkina sera nommé par le président russe, Vladimir Poutine, a indiqué à l’AFP Alexeï Saltykov. M. Saltykov résidait jusqu’à présent à Abidjan mais a fait ces derniers mois des déplacements réguliers à Ouagadougou.
“Nous sommes arrivés à Ouagadougou pour relancer les activités de l’ambassade de Russie dans ce pays qui est notre partenaire de longue date et avec lequel nous sommes liés par des liens solides d’amitié”, a également déclaré M. Saltykov, cité par l’agence officielle russe TASS. Il a ajouté qu’il dirigerait dans un premier temps la mission diplomatique au Burkina.
La cérémonie marquant l’ouverture de l’ambassade aura lieu à 12H20 GMT. Elle sera présidée par le Premier ministre burkinabè, Appolinaire Joachimson Kyélèm de Tambéla. “La coopération bilatérale n’a jamais cessé dans les domaines politique et économique”, a-t-il souligné.
Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères burkinabè, M. Saltykov a par ailleurs annoncé que “l’aide alimentaire annoncée par son pays au profit du Burkina Faso va arriver dans les prochains jours”.
Vladimir Poutine avait annoncé lors du sommet de Saint-Pétersbourg en juillet que Moscou allait livrer gratuitement dans les mois à venir des céréales à six pays africains, dont le Burkina. L’ambassade de Ouagadougou à Moscou avait elle été rouverte en 2013, après une fermeture en 1996, selon le ministère des Affaires étrangères de Russie.
Continuité
Depuis le dernier coup d’Etat qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir en septembre 2022, le Burkina Faso rompt ses relations avec la France et cherche à diversifier ses partenaires. Ouagadougou a notamment obtenu en début d’année le départ des troupes françaises de son sol, avant de se rapprocher de la Russie.
Un accord a été signé par les deux pays mi-octobre pour la construction d’une centrale nucléaire russe au Burkina, où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité.
Début septembre, une délégation russe conduite par le vice-ministre de la Défense, Iounous-Bek Evkourov, s’était rendue à Ouagadougou pour échanger avec Ibrahim Traoré sur des questions de développement et de coopération militaire. M. Traoré avait ajouté plus tard que la plupart des équipements de l’armée du Burkina étaient russes.
Ce pays sahélien est confronté depuis plusieurs années à des violences jihadistes meurtrières et récurrentes sur une grande partie de son territoire, qui ont fait plus de 17.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
Ouagadougou s’est rapproché du Mali et du Niger – deux pays dirigés par des régimes militaires et liés au Burkina par l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – qui entretiennent également des relations avec Moscou.