L’homme politique et ancien ministre Ablassé Ouedraogo lors de son retour au Burkina Faso a été interpellé par des inconnus à son domicile, dimanche soir 24 décembre. Une arrestation qui intervient après celles de nombreuses autres personnalités burkinabè réputées critiques du régime de transition
C’est au quartier Ouaga 2000 – là où il réside – que l’ex-ministre des Affaires étrangères a été appréhendé ce dimanche alors qu’il rentrait tout juste d’un long voyage sur le continent.
Après avoir reçu, en début d’après-midi, plusieurs visites de courtoisie à son domicile, c’est vers 18h30 que deux hommes en civil ont sonné à son portail. Après s’être présenté à Ablassé Ouedraogo, celui-ci a été prié de les suivre sans qu’il n’y ait de mandat ou de convocation spécifique, selon un de ses proches qui a assisté à la scène. À l’extérieur du bâtiment, un important dispositif de sécurité avait été disposé tandis qu’Ablassé Ouedraogo suivait ses deux visiteurs sans aucune résistance.
Leader du parti Le Faso Autrement, Ablassé Ouedraogo avait, en octobre dernier, pris à témoin les autorités religieuses et coutumières burkinabés dans un courrier dans lequel il s’était montré assez critique sur la gestion du gouvernement de transition. Suite à cette correspondance, rendue publique, Ablassé Ouedraogo aurait reçu un ordre de réquisition militaire envoyé par le pouvoir de transition et l’obligeant à se rendre au front contre les jihadistes.
Or, ces dernières semaines, pour avoir, eux aussi, exprimé leur doute sur la gestion du MPSR 2 plusieurs acteurs de la société civile se sont vus réquisitionné militairement ou envoyé au front. Si ce cas de figure devait se répéter avec Ablassé Ouedraogo, ce serait le premier personnage politique du Burkina Faso qui serait ainsi rappelé à l’ordre par le MPSR 2 d’Ibrahim Traore.
Pour mémoire, début décembre, le tribunal administratif de Ouagadougou avait déclaré ces réquisitions militaires illégales et demandé à ce que toutes les procédures de mobilisation contraintes soient suspendues. Dans cette hypothèse, l’ex-diplomate pourrait au mieux être soumis à des actions « civilo miltaires d’éducation civique et de cohésion sociale », comme le mentionnent les ordres de réquisitions officiels. Ou au pire, il pourrait être envoyé au front anti-terroriste… à l’âge de 70 ans.