La France a annulé le décret ministériel autorisant en 2020 l’extradition du frère de l’ancien président Blaise Compaoré, Paul François Compaoré, vers le Burkina Faso, où il est accusé de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo en 1998, a-t-on appris de sources concordantes.
C’est la Première ministre française Elisabeth Borne qui a signé le décret d’abrogation pour l’annulation de l’extradition de François Compaoré, selon un communiqué du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) qui défend le dossier au Burkina Faso parvenu vendredi à Anadolu.
Le ministère français de la Justice cité par la presse française a expliqué que l’abrogation de l’extradition de François Compaoré est «intervenue à la suite de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) du 7 septembre 2023 qui a conclu à la violation de l’article 3 en cas d’extradition du requérant vers le Burkina Faso».
Les mêmes sources ont précisé que la Cour juge qu’il y aurait «violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme en l’absence d’un réexamen de la validité et de la fiabilité des assurances diplomatiques fournies à la France».
Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) qui défend le dossier au Burkina Faso dit avoir appris avec «stupéfaction, par voie de presse ce 21 décembre 2023, l’annulation par la France du décret d’extradition de François Compaoré, considérant que le contexte a changé, faisant allusion aux deux coups d’État successifs qu’a connus le Burkina Faso en 2022».
Le Centre national de presse Norbert Zongo appelle les Burkinabè à demeurer engagés pour la manifestation de la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons, ainsi que pour tous les crimes impunis et les diverses violations des droits humains au Burkina Faso.
Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) et la Coalition nationale de lutte contre la corruption et la vie chère (CCVC) ont commémoré le 13 décembre courant à Ouagadougou, le 25ème anniversaire de l’assassinat en 1998, du journaliste d’investigation Norbert Zongo.
Norbert Zongo, journaliste qui enquêtait sur le meurtre d’un chauffeur de François Compaoré, a été retrouvé mort calciné le 13 décembre 1998, avec trois autres personnes qui l’accompagnaient, selon les médias locaux.
Le 29 octobre 2017, François Compaoré, par ailleurs frère cadet de l’ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, a été arrêté à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, en France, en réponse à un mandat d’arrêt international lancé par la justice burkinabè via Interpol, dans le cadre de ce dossier.
La Cour de cassation française avait validé l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, mais ses avocats ont fait appel de cette décision en saisissant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
Les relations diplomatiques entre la France et le Burkina Faso se sont dégradées depuis l’arrivée au pouvoir le 30 septembre 2022 du capitaine Ibrahim Traoré.
Quatre agents français de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), arrêtés début décembre à Ouagadougou, sont détenus depuis par les autorités burkinabè, selon les médias français.