Les rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent) instaurent un blocus. Les principales villes du nord du pays sont concernées. Un peu plus d’un mois avoir été délogés de leur fief de Kidal par l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner, c’est leur premier acte posé par les groupes rebelles qui avaient juré de ne pas déposer les armes. Mais cette stratégie pourrait s’avérer risquée.
Le document interne, destiné aux forces combattantes du CSP et qui n’a pas vocation à être rendu public, date du 8 décembre. Signé par le président du CSP, Alghabass Ag Intalla, il « instaure un blocus total sur les axes allant de la frontière algérienne vers les villes de Ménaka, Kidal, Gao, Tombouctou et Taoudeni » et « concerne tous les produits et tous les moyens de transport. »
La décision est à effet immédiat, mais pas encore complètement effective, précise un cadre du CSP. Les routes reliant ces villes au sud du Mali ne sont pas concernées, ce qui devrait limiter les conséquences du blocus. Selon plusieurs cadres du CSP, l’embargo cible prioritairement l’armée malienne. Il vise également à « asphyxier l’économie de l’ennemi ».
Cette décision, qui ne fait pas l’unanimité au sein des rebelles, risque cependant de pénaliser en premier lieu les populations du Nord. « Beaucoup sont partis à cause de l’armée et de Wagner », répond un dirigeant du CSP. « Bamako ou la Cédéao prennent aussi des mesures impopulaires, c’est une stratégie de guerre », plaide un autre.
Jusqu’ici, l’instauration de blocus était l’apanage des groupes jihadistes, et particulièrement du Jnim, lié à al-Qaïda. Cette décision ne renforce-t-elle pas le discours des autorités maliennes de transition, qui désignent comme « terroristes » les groupes jihadistes aussi bien que ceux qui ont signé l’accord de paix de 2015 ? « C’est un moyen utilisé dans le monde entier pour mettre la pression sur l’ennemi », tranche un cadre du CSP.