Un tribunal militaire l’a notamment reconnue coupable d’« offense » au président Kaïs Saïed sur la base de déclarations faites dans les médias.
L’opposante tunisienne Chaïma Issa a été condamnée mercredi 13 décembre à un an de prison avec sursis par un tribunal militaire qui l’a notamment reconnue coupable d’« offense » au président Kaïs Saïed sur la base de déclarations faites dans les médias, selon ses avocats. « La justice militaire condamne la militante politique Chaïma Issa à un an de prison avec sursis », a écrit sur Facebook l’une de ses avocates, Islem Hamza.
Une autre membre de son équipe de défense, l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek a précisé, également sur Facebook, que Mme Issa avait été condamnée à six mois de prison pour « incitation » aux militaires à désobéir aux ordres, à quatre mois pour « offense » au chef de l’Etat et à deux mois pour « propagation de rumeurs » dans le but de nuire à la sécurité publique.
« Nous ne sommes pas des traîtres »
Mme Issa, l’une des chefs de file de l’opposition, avait affirmé après son audition mardi devant un tribunal militaire que les opposants au président Saïed étaient traités comme « des criminels ». « Nous ne sommes pas des criminels. Nous ne sommes pas des comploteurs. Nous ne sommes pas des traîtres. Nous sommes des politiciens, opposants au coup d’Etat du 25 juillet » 2021, a-t-elle précisé. M. Saïed, élu démocratiquement en octobre 2019, s’est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021 et a depuis fait réviser la Constitution privant le Parlement de tout réel rôle.
Mme Issa, 43 ans, membre du Front de salut national (FSN), avait été emprisonnée en février lors d’arrestations en série dans les rangs de l’opposition. Elle avait été libérée le 13 juillet dans l’attente de son jugement.
L’avocat Samir Dilou, membre de son comité de défense, a critiqué mardi sa comparution devant une instance militaire, « en vertu du fameux décret 54 qui punit les fausses informations ». « C’est dangereux », a-t-il argué au micro de l’AFP. « Elle n’aurait jamais dû être poursuivie pour avoir exprimé ses opinions, ni jugée par un tribunal militaire », a réagi sur X (anciennement Twitter) après l’annonce de la peine, Salsabil Chellali, représentante de l’ONG Human Rights Watch (HRW) en Tunisie.
Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants, d’hommes d’affaires et d’autres personnalités, qualifiés de « terroristes » par M. Saïed, sont emprisonnés sous l’accusation de « complot contre la sécurité intérieure ».