Les combats entre les forces des deux généraux qui se disputent le pouvoir au Soudan se rapprochent de la frontière avec le Soudan du Sud et de la région d’Abyei, disputée entre les deux pays, s’est inquiétée lundi une représentante de l’ONU.
Le conflit qui a éclaté au Soudan en avril entre l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo a “d’importantes conséquences humanitaires, sécuritaires, économiques et politiques qui inquiètent les dirigeants du Soudan du Sud”, a déclaré l’émissaire de l’ONU pour la Corne de l’Afrique Hanna Tetteh.
“Avec les développements militaires au Soudan, et récemment la prise par les FSR de l’aéroport et du champ de pétrole de Belila (dans l’Etat soudanais du Kordofan-Ouest), la confrontation militaire entre les FAS (forces armées soudanaides) et les FSR se rapproche de la limite d’Abyei et de la frontière avec le Soudan du Sud”, a-t-elle ajouté, lors d’un Conseil de sécurité consacré au sujet.
Mme Tetteh a précisé qu’avec cette offensive dans le Kordofan-Ouest, les FSR controlent “une partie de la frontière avec le Soudan du Sud”.
Notant la “proximité” de certains groupes de la tribu des Misseriya avec les Forces de soutien rapide et “les campagnes de recrutement des parties belligérantes”, elle s’est inquiétée des impacts pour ce territoire disputé, en particulier sur “la coexistence déjà fragile entre les Misseriya et les Ngok Dinka”.
La région riche en pétrole connaît depuis longtemps des tensions entre la communauté Ngok Dinka et les éleveurs misseriya qui traversent la région à la recherche de pâturages.
Abyei, pris en étau entre le Soudan et le Soudan du Sud, est un point de crispation entre les deux pays depuis l’indépendance du Sud en juillet 2011.
Et le conflit qui a éclaté en avril au Soudan “a interrompu des signes de dialogue encourageants entre le Soudan et le Soudan du Sud”, a commenté le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU Jean-Pierre Lacroix. “Cela a suspendu le processus politique concernant le statut final d’Abyei et les questions frontalières.”
Le Conseil de sécurité doit se prononcer d’ici la fin du mois sur la prolongation de la mission de maintien de la paix de l’ONU à Abyei (Fisnua), établie en 2011 et qui compte actuellement quelque 4.000 militaires et policiers.