Au Tchad, un groupe de partis d’opposition et des organisations de la société civile cherchent à récuser le président congolais Félix Tshisekedi, facilitateur désigné de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC). Ils ont lancé pour cela une pétition depuis ce week-end, qui fait débat à N’Djamena alors qu’il s’apprête à envoyer un émissaire dans la capitale tchadienne après le report du retour programmé de l’opposant Succès Masra.
Cette pétition, qui vise les 200 signatures, en a déjà recueilli plus 100, trois jours après son lancement. Pour ses initiateurs, Félix Tshisekedi, le facilitateur désigné de la CEEAC, n’a cessé de cautionner tout ce que fait la junte au pouvoir depuis son avènement.
« Nous avons, avec patience, accepté qu’il continue sa facilitation, avec une certaine prudence, et le temps nous a donné raison, parce que chaque fois qu’il nous a envoyé des envoyés spéciaux, c’était pour faire du clientélisme, une sorte de technique d’illusion du temps pour tromper les acteurs, et on a compris qu’il joue à l’hypocrisie. Malheureusement, il n’est pas un exemple de la démocratie. Nous ferons tout pour que le fameux principe de subsidiarité ne fonctionne pas au Tchad », estime Yaya Dillo, l’un des leaders de l’opposition.
« La facilitation connaîtra un succès, qu’ils le veuillent ou non »
Jean-Bernard Badaré est le porte-parole du MPS, le parti du défunt président Idriss Déby, qui soutient son fils. Il parle d’une agitation stérile : « Les chiens aboient et la caravane passe, pour une raison très simple : c’est que le facilitateur n’a pas été désigné par le Tchad. Comme tel, il est en train de faire son travail. Donc, les gens ont tablé sur l’échec de la facilitation. La facilitation connaîtra un succès, qu’ils le veuillent ou non. Il faut bien amuser la galerie. »
Pour beaucoup d’observateurs, la visite de Félix Tshisekedi à N’Djamena en juillet devait permettre de trouver une solution à la crise politique au Tchad, mais c’est le contraire qu’ils disent constater. S’il avait bien mené sa mission, le climat politique serait aujourd’hui détendu et Succès Masra serait rentré sans problème, comme il l’avait prévu.