Le parquet militaire a annoncé le 8 octobre l’ouverture d’une enquête à la suite du décès du commandant Ismaël Touhogobou, abattu à son domicile alors qu’il devait être questionné en lien avec une « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ».
La nouvelle de la mort du commandant Ismaël Touhogobou, abattu à son domicile à Ouagadougou, s’est répandue comme une traînée de poudre ce dimanche 8 octobre. Elle a suscité des réactions de surprise et parfois d’indignation sur les réseaux sociaux. Mais que lui est-il réellement arrivé ?
Une interpellation « qui a mal tourné »
Dans un communiqué rendu public quelques heures plus tard, le parquet militaire près le tribunal militaire de Ouagadougou évoque « un incident ayant entraîné la mort du commandant […] suite à une interpellation aux environs de 7 heures qui aurait mal tourné ».
Selon le procureur militaire, Pousbila Alphonse Zorma, le commandant Touhogobou faisait l’objet « d’un mandat d’amener en relation avec une tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » que les autorités avaient dénoncée, le 27 septembre. « S’opposant à son interpellation, l’officier aurait fait usage de son arme, blessant un élément de l’équipe d’interpellation qui a été admis dans un centre de santé pour des soins appropriés », indique Pousbila Alphonse Zorma. Il a précisé qu’une enquête avait été ouverte.
« Triste nouvelle »
En attendant plus de précisions sur les circonstances de ce décès, l’Amicale des anciens enfants de troupe du Burkina se dit « consternée et affligée par cette triste nouvelle ». « Il était connu pour son courage et sa rigueur », glisse une source qui l’a connu.
La mort d’Ismaël Touhogobou intervient quelques jours après l’arrestation de quatre officiers à Ouagadougou. Il s’agit du commandant Abdoul Aziz Aouoba, qui dirige le Commandement des opérations spéciales (COS), du lieutenant-colonel Boubacar Keïta, directeur de l’Institut supérieur d’études de protection civile (ISEPC), du lieutenant-colonel Cheick Hamza Ouattara, commandant de la légion spéciale de la gendarmerie nationale, et du capitaine Christophe Maïga, commandant adjoint de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale (Usign).
Le tribunal militaire de Ouagadougou avait expliqué dans un communiqué qu’ils étaient soupçonnés d’être impliqués dans un « complot contre la sûreté de l’État » et que deux autres étaient « en fuite ».
Formé au PMK
Issu de la troisième promotion du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK, promotion de 1994), Ismaël Touhogobou avait aussi été formé à l’Académie militaire Georges Namoano de Pô entre 2003 et 2005. Il a servi dans les rangs de la garde nationale, avant de retourner au PMK, cette fois-ci comme formateur. De 2016 à 2019, il a été l’adjoint du lieutenant-colonel Ismaël Diawari – actuel chef d’état-major particulier de la présidence du Faso à la tête du PMK. Il avait également servi dans des missions onusiennes, notamment au Darfour et au Mali.
Ismaël Touhogobou avait aussi été chef de corps dans la ville de Djibo, et ce jusqu’au coup d’État d’Ibrahim Traoré en septembre 2022. Il avait alors été relevé de ses fonctions et, depuis, était sans affectation.
Djibo fait partie de ces localités de la région du Sahel qui vivent sous blocus djihadiste, et les conditions de vie de ses habitants se sont fortement détériorées ces derniers mois.