Cette ville du nord du Mali est déjà sévèrement éprouvée par un blocus imposé par des djihadistes. Les tirs de jeudi ont été attribués aux djihadistes par un élu local.
Cinq personnes ont été tuées à la suite de tirs d’obus, jeudi 21 septembre, sur la ville de Tombouctou, dans un contexte de regain de tensions dans le nord du Mali, selon un nouveau bilan communiqué vendredi 22 septembre par le gouverneur Bakoun Kanté. Les cinq victimes ont été inhumées vendredi, a dit le gouverneur, cité dans les médias locaux sans plus de précisions. Une source médicale s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour sa sécurité a fait état de vingt blessés, en plus des cinq décès.
Tombouctou a essuyé jeudi des tirs d’obus attribués aux djihadistes par un élu local, et un premier bilan d’au moins deux morts avait été avancé par l’armée malienne dans un communiqué officiel.
Le nord du Mali connaît une reprise des hostilités par les groupes séparatistes et une intensification des activités djihadistes. Les régions de Tombouctou, mais aussi de Gao, ont été ces dernières semaines le théâtre d’une succession d’attaques contre les positions de l’armée malienne et contre les civils.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance djihadiste affiliée à Al-Qaida en lutte depuis des années contre l’Etat malien, a annoncé dans une série de messages début août déclarer « la guerre dans la région de Tombouctou ». Depuis, Tombouctou fait face à un blocus qui empêche les quelques dizaines de milliers d’habitants de la « cité aux 333 saints » de quitter la ville et d’être ravitaillés.
Une situation sécuritaire dégradée
Le 7 septembre, une attaque imputée aux djihadistes a tué des dizaines de civils à bord du ferry le Tombouctou. Tombouctou fait partie des premières grandes villes du nord du pays à être tombées sous le contrôle des rebelles touareg, puis celui de combattants salafistes après une insurrection en 2012. Les forces françaises et maliennes ont repris la ville en 2013.
Les militaires maliens ont poussé vers la sortie la force antidjihadiste française en 2022 et se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie. Ils ont fait du rétablissement de la souveraineté l’un de leurs mantras. Mais de vastes étendues continuent d’échapper à leur contrôle et différents experts estiment que la situation sécuritaire s’est encore dégradée sous leur direction.
Les groupes à dominante touareg ont repris leurs opérations contre l’armée malienne en septembre dans le Nord, après des mois de tensions avec le gouvernement. Ils avaient signé avec l’Etat central en 2015 un accord de paix censé mettre fin aux hostilités déclenchées avec les insurrections indépendantiste et salafiste de 2012. Les djihadistes, eux, avaient continué le combat.
Discours à la nation du chef de la junte
Un communiqué, jeudi, de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’un des principaux groupes armés du Nord, a assuré que les forces armées maliennes et leurs alliés du groupe paramilitaire russe Wagner avaient tué au moins douze personnes qui circulaient dans un bus en partance pour Gao, entre les villes d’Hambori et de Gossi, il y a une semaine.
Le regain d’hostilités dans le Nord coïncide avec le retrait en cours de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et la cession par la Minusma de ses camps, qu’elle remet aux autorités maliennes. Dans la lutte territoriale en cours, les séparatistes estiment que les emprises onusiennes devraient revenir sous leur contrôle.
Dans un discours à la nation jeudi, à la veille de la fête de l’indépendance malienne, le chef de la junte, Assimi Goïta, a dit veiller « au redéploiement effectif des forces de défense et de sécurité ainsi qu’au retour des services sociaux de base sur l’ensemble du territoire national ». « J’invite les populations à resserrer les rangs autour des forces armées maliennes dans l’accomplissement de cette mission décisive », a-t-il déclaré.