Les libertés fondamentales de plus en plus réduites au Mali

Les libertés fondamentales de plus en plus réduites au Mali

Au Mali, la radiation du juge Dramane Diarra est la dernière illustration de la réduction des libertés fondamentales dans un pays où des militaires sont au pouvoir.

Le célèbre juge Dramane Diarra a été radié mardi (19.09) du corps des magistrats par le Conseil supérieur de la magistrature. Membre influent de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, une organisation politique qui dénonce régulièrement la gestion de la transition militaire en place dans le pays, Dramane Diarra avait notamment estimé que la révision de la Constitution malienne est une “violation flagrante” des textes. Avant lui, c’est le coordinateur général de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, Mohamed Cherif Koné, qui avait été exclu par le Conseil supérieur de la magistrature pour ses prises de position contre les militaires au pouvoir.

Tous concernés

Djibril Diallo, chargé de communication de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, ne cache pas son incompréhension face à l’exclusion de Dramane Diarra du corps de la magistrature. Celui-ci apporte son soutien à son camarade de lutte.

“Ce qui arrive à monsieur Dramane Diarra est un fait qui concerne et qui doit concerner tous les Maliens. Pas seulement les membres du 20 février mais tous les Maliens” estime Djibril Diallo. Selon lui, il “s’agit de la justice malienne. Il s’agit des hommes de valeur comme Dramane Diarra qui n’ont ménagé aucun effort pour œuvrer pour la bonne gouvernance et la bonne justice au Mali. Et le peuple malien en est témoin”.

Pour ce membre de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali “ce qui lui est arrivé restera dans l’histoire et l’histoire jugera cela”.

La radiation du corps des magistrats de Mohamed Cherif Koné, le 29 août dernier, et de Dramane Diarra, tous deux membres de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali, font dire à certains observateurs de la scène politique malienne, sous le couvert de l’anonymat, que le champ des libertés d’expression et d’opinion se rétrécit de plus en plus dans le pays.

Le cas Ben le cerveau

Avant l’exclusion des deux juges, Adama Diarra, dit Ben le cerveau, désormais ex-membre du Conseil national de transition, un soutien des autorités militaires au pouvoir, accusé “d’atteinte au crédit de l’Etat”, a été condamné le 14 septembre dernier à un an de prison ferme et un autre avec sursis.

Abdoulaye Guindo, de la plateforme Benberé, regrette ce qu’il qualifie de “sévérité” des juges dans certains dossiers.

Selon lui : ” Si la justice pense qu’ils n’étaient pas sur le droit chemin, il fallait les sanctionner, mais pas prononcer une peine ferme. On aurait peut-être dû les condamner à un sursis sous forme d’avertissement parce que c’est une première faute. Même si c’est une deuxième faute, on peut faire monter de façon progressive les sanctions, mais les condamner à des peines fermes, je trouve cela sévère parce que ce sont des êtres humains. Je prends cette position en tant que justiciable qui pourrait se trouver un jour devant la justice. Je pense donc qu’on peut trouver des mécanismes pour régler ce genre de problèmes.”

L’avocat de Dramane Diarra dénonce de son côté, je cite, “une procédure commanditée”. Celui-ci a fait appel de cette décision de justice qu’il qualifie de “mascarade à laquelle lui et son client ne s’associeront pas”.