Va-t-on vers une reprise des hostilités entre l’armée malienne et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ? Ou bien, est-ce un acte de sabotage de la part des groupes terroristes à la solde de l’Occident qui tentent de créer une guerre entre Bamako et la CMA ? Ou on peut-on même penser que la CMA et les groupes terroristes se sont alliés ensemble pour déstabiliser le Mali ? Ou encore que les déstabilisations et les conflits sont l’œuvre d’agents spéciaux provenant d’ailleurs ?
Ce sont des questions que plus d’un se pose au regard de la montée des tensions sur le terrain où les groupes armés, pour certains signataires de l’Accord d’Alger, ont récemment déclaré qu’ils se préparent à se défendre militairement contre Bamako.
Si pour de nombreux observateurs l’attaque du 7 septembre 2023 contre le bateau le «Tombouctou» – «un crime de guerre» selon la Fédération internationale pour les droits humains-FIDH- risque de définitivement enterrer l’Accord.
Bien qu’aucune condamnation de cette attaque n’a été prononcé ni par l’ONU, ni par la CEDEAO, l’Algérie ainsi que plusieurs pays comme la Tunisie, l’Iran, le Niger, la Russie, la Mauritanie, ont fermement condamné les attaques terroristes qui ont frappé le Mali jeudi dernier et ont exprimé leur sympathie et leur solidarité face à cette épreuve que lui «impose le fléau terroriste».
Deux attaques distinctes simultanées survenues jeudi dernier qui ont coûté la vie à une centaine de personnes, dont des militaires, et ont fait de nombreux blessés ainsi que d’importants dégâts matériels. L’attaque la plus meurtrière a visé un bateau de transport fluvial de passagers qui a été la cible de trois roquettes. Une attaque avec des civils comme cible que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme comme la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont condamné comme étant un «crime de guerre».
Même si elle a été aussitôt revendiquée par un groupe terroriste, le GSIM d’Iyad Ag Ghali, beaucoup d’observateurs pensent qu’elle a été planifiée et exécutée par des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Elle est en tout cas survenue après que les Forces armées maliennes ont empêché l’aile militaire de la CMA d’occuper le camp libéré par la MINUSMA à Ber et que celle-ci a menacé de livrer une guerre totale au Mali. Depuis, la CMA s’est beaucoup illustrée par des tirs d’obus et de roquettes sur la ville de Tombouctou. Cet acte criminel, selon de nombreux observateurs, risque ainsi de définitivement enterrer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Ce qui est sûr, cette responsabilité a sans doute été au centre des échanges entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et l’ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire au Mali qu’il a reçu en audience vendredi dernier (8 septembre 2023). Selon les sources diplomatiques maliennes, les échanges ont essentiellement porté sur les perspectives de l’APR dans un contexte de retrait de la MINUSMA du Mali. Selon elles, la «centralité» de l’Accord dans la recherche de la paix et de la cohésion nationale a été réaffirmée.
À cet égard, Abdoulaye Diop a renouvelé «l’engagement du gouvernement malien à faire avancer le processus de paix dans une dynamique nouvelle d’internalisation et d’appropriation nationale en privilégiant le dialogue direct et inter-malien, sans interférences extérieures à la région, mues par des intérêts géopolitiques et des desseins inavoués».
Le Chef de la diplomatie malienne a salué «les efforts importants et le rôle majeur» de l’Algérie dans la recherche de la paix au Mali. Mais, de l’avis de M. Diop, il est important de poursuivre les échanges autour des mécanismes de suivi de l’APR en vue de faire «progresser le processus dans l’intérêt supérieur du peuple malien». Des mécanismes auxquels la CMA s’est soustraite depuis décembre dernier et n’a pas cessé de poser des actes de sabordage de l’APR croyant ainsi mettre la pression sur la République du Mali.
Le processus de retrait de la MINUSMA a jeté l’huile sur le feu, car se croyant plus royaliste que le roi, la CMA convoitait le camp de Ber (favorable à ses trafics) et ne compte pas abandonner les bases de Tessalit, de Kidal… au Mali. Nous ne savons pas de quel droit elle peut revendiquer cela. Mais, ce qui est sûr, c’est que le Mali aussi compte pleinement jouer sa souveraineté en récupérant toutes les bases de la MINUSMA au Mali.
Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maiga, a également dénoncé la situation dans le nord du Mali. Il a rappelé qu’il y avait une guerre subtile dans laquelle l’armée malienne doit déjouer en permanence les plans de «Services spéciaux de certains États».
«Certaines personnes mettent le feu dans le Nord pour que des innocents meurent. Il y a des individus qui sont envoyés par des services spéciaux de certains États pour créer le désordre au Mali. Outre la guerre physique, on doit gagner la guerre communicationnelle. Il y a tout qui se passe au Nord actuellement, c’est véritablement une guerre d’intelligence qui se passe, entre notre armée et les adversaires du Mali. Aujourd’hui dès que l’avion se lève pour aller bombarder des groupes organisés, ils ont toujours des habits civils à porter de main, ils se changent en bergers innocents en 5 min. Et dès que vous les touchez, directement ils disent que l’État malien a commencé à bombarder des populations civiles, des massacres de populations, etc.».
«Le nord est envahi aujourd’hui d’agents spéciaux. Des spécialistes en guerre, en manipulation, en communication en tout pour embrouiller les Maliens. Mais ils vont nous trouver sur leur chemin !»
En d’autres termes, après avoir été vaincue au Mali, la France cherche en vain à gagner par la manipulation médiatique. Le Mali est bien décidé à gagner cette guerre pour récupérer sa souveraineté et son intégrité.