Afrique: Plaidoyer pour un ordre mondial avec des solutions africaines devant alléger le fardeau de la dette

Afrique: Plaidoyer pour un ordre mondial avec des solutions africaines devant alléger le fardeau de la dette

« Les 4R pour l’Afrique : le faiseur de règles : Réimaginer, Repenser, Réorganiser et Remobiliser pour un ordre mondial africain ». C’est le thème de la 3e Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD III) qui s’est ouverte ce mercredi 30 août à Dakar.

Organisée par le Forum et réseau africain sur la dette et le développement (Afrodad)et ses partenaires cette rencontre de trois jours met en relief deux importants défis pour les gouvernements africains : la problématique de la dette et le développement de nos pays.

Ces assises de Dakar sonnent comme une opportunité pour les parties prenantes de faire un plaidoyer pour des solutions africaines durables devant permettre de faire face au fardeau de la dette.

Face à la multitude de crises que traverse le continent, estime Ebrima Sall, directeur exécutif de Trust Arica, le grand défi pour l’Afrique est de s’assurer que la transition permette d’entamer un nouveau monde où l’humain est au centre de tout processus. « Un monde où l’Afrique va légiférer ».

Une dynamique qui, selon toujours le patron de Trust Arica, va faire la promotion de la démocratie et la philanthropie africaine.

A son avis, le financement de la transformation de l’économie africaine doit se faire avec les ressources africaines.

Ce qui sonne, en partie, comme une thérapie contre le poids de la dette mais également un garrot contre l’hémorragie que constituent les Flux Financiers Illicites (FFI) évalués à 90 milliards de dollars par an en Afrique.

Dans la foulée, M. Sall invite à prêter plus d’attention aux agences de notations dans l’architecture financière mondiale.

Ce qui fait dire à Daouda Sembène, Président directeur général du cabinet-conseil en développement international, AfriCatalyst que la Conférence africaine sur la dette et le développement vient à son heure du moment que beaucoup de pays africains croulent sur le poids du surendettement.

A cela s’ajoutent les nombreuses crises dont Covid-19, guerre en Ukraine, changements climatiques qui ont exaspéré la capacité des pays à rembourser leur dette.

Ce qui, selon lui, constitue un cercle vicieux qui installe les pays africains dans une incapacité à réaliser les Objectifs de développement durable (ODD).

Dans la même dynamique, le Président du Conseil d’Administration, d’Afrodad, Mme Barbara Khalima-Phiri fustige l’attitude des institutions financières internationales qui continuent de prêter aux pays africains dans les mêmes conditions.

Devant cet état de fait, elle invite les pays africains à se réorganiser pour mettre en scelle le continent et sortir l’économie africaine de ce gouffre.

Mme Phiri appelle à revisiter le passé pour mettre en place une dynamique africaine devant couper le cordon ombilical qu’elle assimile à « un mariage forcé fait d’oppression et de difficultés ».

Pour elle le « désordre mondial » avec les multiples crises exige que les pays africains fassent une introspection en cherchant des solutions africaines.

Même son de cloche pour Dr Youssoupha Sakrya Diagne, Economiste Senior et Chef de la Division des Etudes et Politiques Economiques du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération du Sénégal.

A son avis, dans le combat contre l’endettement africain, il faut aller au-delà des facilités concernant le paiement du service de la dette avec des allégements plus profonds.

Dans la mesure où, a-t-il rappelé, le poids de la dette handicape nos pays et les empêchent d’atteindre les objectifs fixés dans la lutte contre la pauvreté.

Le Conseil technique du ministre de l’Economie et du Budget, pour sa part, remet sur la table l’importance des réformes souhaitées dans l’architecture mondiale de la dette et celle du système financier international.

Mamadou Ndiaye estime que face au contexte mondial actuel, il importe pour les dirigeants du continent de saisir cette opportunité pour un positionnement plus stratégique sur la sphère internationale.

Pour lui, un plaidoyer mieux structuré est donc nécessaire pour permettre un meilleur positionnement stratégique qui nécessite la réorganisation du système international dans le but de garantir une représentativité plus juste et plus équitable pour répondre aux défis auxquels les États africains sont confrontés.

A son avis, les pays africains pourront saisir l’opportunité du déploiement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui a le potentiel de promouvoir davantage les échanges commerciaux au sein des pays du continent.

Sur un autre registre, a-t-il poursuivi, l’amélioration des conditions de mobilisation de financement, dans un contexte où l’environnement financier international ne cesse de se détériorer reste un enjeu majeur dans la dynamique de redéploiement stratégique des Etats africains dans la sphère internationale.

S’agissant de la réforme de l’architecture mondiale de la dette, M. Ndiaye pense que des initiatives doivent être impulsées pour une transparence et une coordination accrues sur le traitement des problématiques d’endettement.

A son avis, cela permettra d’éviter des coûts élevés de résolution de la dette et limiter la probabilité de réapparition des crises de l’endettement.

Il urge de régler, par souci de transparence, précise-t-il, les problématiques liées aux notations souveraines de crédit de nombreux pays africains qui souvent peuvent être biaisées.

Avant de souligner que la prime de « perception excessive du risque » associée à la région et confirmée par les agences de notation, indépendamment de l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques devrait être supprimée.

A l’en croire, le manque-à-gagner lié à cette prime de perception excessive du risque, selon un récent rapport du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud) serait évalué à 74 Milliards de Dollars.

Dans la même foulée, M. Ndiaye remet au gout du jour l’idée de la création d’une agence panafricaine de notation qu’avait prôné en mai 2022, le président du Sénégal, Macky Sall.

Pour une meilleure coordination, M. Ndiaye est d’avis que la création d’un Club des créanciers multilatéraux, agissant en partenariat avec les débiteurs, aiderait à mieux superviser les problématiques liées à la dette.

Pour lui, il est aussi nécessaire de réexaminer et de mettre à jour l’approche de l’Analyse de Viabilité de la Dette de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, afin de la rendre davantage axée sur les Objectifs de Développement Durable et la solvabilité.