Trois semaines après le coup d’Etat au Niger, les militaires quþ
i ont pris le pouvoir, font face à une recrudescence des attaques djihadistes.
Les attaques djihadistes se sont multipliés ces derniers jours au Niger, surtout dans la zone dite des trois frontalières entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali.
Une trentaine de soldats nigériens et autant de civils ont ainsi été tués dans cette région dans une série d’attaques. La dernière attaque remonte à dimanche (20.08.2023).
Douze soldats nigériens ont été tués dimanche dans une embuscade de jihadistes présumés dans la région de Tillabéri (sud-ouest) selon la télévision nationale dans une annonce faite ce mardi (22.08.2023).
La région des trois frontières
Les attaques ont surtout eu lieu dans la région dite des “trois frontières”, un sanctuaire des djihadistes, dont ceux de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS).
La France et l’armée nigérienne y menaient régulièrement des opérations conjointes. Les soldats français apportaient logistiques et renseignements. Une coopération militaire suspendue à la suite du coup d’Etat militaire. Et cela a des conséquences sur la lutte contre le djihadisme.
“On voit que depuis le putsch, la situation sécuritaire se dégrade. L’Etat islamique au grand Sahara profite des troubles récents pour accentuer ses exactions. On peut dénombrer plus de 48 civils tués ainsi que plus de 30 soldats tués depuis début août. Ce qui est supérieur au nombre de victimes depuis l’arrivée de Mohamed Bazoum au pouvoir”, estime Bakary Sambe, directeur régional du Centre d’études africain sur la paix, le Timbuktu institute.
Pour l’ONG Acled qui répertorie les victimes des conflits à travers le monde, des résultats encourageants ont été enregistrés au Niger sur les six premiers mois de l’année 2023, avec une baisse de 49% des attaques sur les civils par rapport aux six premiers mois de l’année 2022.
Des acquis sécuritaires remis en cause
Le coup d’Etat du 26 juillet pourrait remettre en cause ces acquis sécuritaires. Pourtant, l’historien Amzat Boukari Yabara ne croit pas à une recrudescence de la violence djihadiste.
” Il n’y a pas de recrudescence des attaques djihadistes. C’est juste qu’on en parle davantage en faisant croire que c’est le coup d’état qui est explique cela. Il y avait des attaques avant le coup d’état et il y en aura après”, estime-t-il.
Par contre, une intervention de la Cédéao pourrait fragiliser l’armée nigérienne dans sa lutte contre les groupes djihadistes, selon le sociologue Mahamane Tahirou Ali Backo. L’armée est plus focalisée face à la Cédéao que face aux djihadistes.
“Cela cristallise les débats. Les attaques terroristes passent au second plan dans l’actualité. C’est l’intervention de la Cédéao qui préoccupe tout le monde et même les militaires et cela pourrait déconcentrer les troupes qui sont sur les théâtres d’opération”, déclare-t-il.
Pour le président renversé, Mohamed Bazoum, “les putschistes ont fait de fausses affirmations selon lesquelles ils ont agi pour préserver la sécurité du Niger. En fait, la situation sécuritaire au Niger s’est radicalement améliorée “, déclarait ainsi le président renversé en début de mois, dans un entretien au Washington Post.