La CBL de Tripoli, qui décide de l’octroi des fonds aux différents organismes d’Etat, gère les recettes en hydrocarbures, première ressource financière du pays.
La Banque centrale de Libye, séparée en deux branches, a annoncé, dimanche 20 août, sa réunification dans ce pays miné par les divisions et un chaos sécuritaire depuis plus d’une décennie. La Banque centrale de Libye (CBL) est « redevenue une institution souveraine unifiée », ont annoncé dans un communiqué le gouverneur et son adjoint, affirmant qu’ils « poursuivent les efforts pour venir à bout des conséquences de la division » en deux branches.
Al-Seddik Al-Kebir, gouverneur de la CBL, institution qui siège à Tripoli (ouest), et Marii Moftah Rahil, gouverneur de la branche rivale installée dans l’est, ont fait cette annonce à l’issue d’une « réunion élargie, en présence des directeurs et consultants » des deux branches, selon le communiqué. M. Rahil devient, dans la foulée de cette réunification, l’« adjoint du gouverneur ».
Les recettes en hydrocarbures de la Libye, pays aux réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique, sont gérées par la CBL de Tripoli qui décide de l’octroi des fonds aux différents organismes étatiques, y compris le gouvernement.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis un an en Libye : celui de l’ouest, d’Abdelhamid Dbeibah, et celui de l’est, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar. « Il s’agit d’une étape importante pour améliorer les performances de cette institution souveraine », s’est félicité M. Dbeibah sur Facebook, rappelant l’engagement de son gouvernement à « renforcer les procédures de transparence et d’information ».
« Créer un élan »
La Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) s’est félicitée de la réunification de la CBL, exprimant le « souhait qu’elle contribuera à créer un élan vers l’unification de toutes les institutions politiques, sécuritaires et militaires du pays », selon un communiqué sur son site.
Pour Washington, cette « illustration d’unité est un exemple important » pour les autres institutions, a indiqué sur X (ex-Twitter) l’ambassade américaine en Libye, encourageant « les dirigeants de la CBL à poursuivre (…) avec des mesures concrètes l’intégration des systèmes financiers et de surveillance, notamment en relançant le conseil d’administration de la CBL ».
Un processus d’unification avait été lancé en décembre 2021 au sein de la Banque centrale, scindée depuis 2014, comme bien d’autres institutions étatiques du fait des luttes de pouvoir entre camps rivaux. La CBL à Tripoli bénéficiait de la reconnaissance de la communauté internationale, à l’instar du gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU. Une autre branche était installée à Bayda (est).
L’existence de deux branches concurrentes a entravé la mise en œuvre d’une politique monétaire unique alors que le dinar libyen a fortement chuté depuis la révolte de 2011 et la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
En juillet 2020, l’ONU avait annoncé avoir finalisé le processus permettant de lancer un audit international indépendant sur les deux branches, perçu comme une avancée majeure sur la voie de la réunification.