Au Soudan, les défections et ralliements se sont multipliés en juillet dans les rangs de l’armée et des Forces de soutien rapide qui s’affrontent depuis le 15 avril 2023 pour le contrôle du pays. Une situation exploitée par les deux camps à grands coups de vidéos et de communiqués.
Au Soudan, les défections mutuelles de militaires et de paramilitaires pour intégrer le camp opposé de la lutte ont nettement augmenté durant juillet dernier. Chaque partie expose fièrement ses nouvelles recrues. Elle les accueille avec des cérémonies filmées qui seront ensuite diffusées sur ses pages officielles d’information. La guerre de communication entre les militaires du général al-Burhan et les paramilitaires du général Hemedti, en guerre depuis le 15 avril 2023, se joue également sur ce front-là.
C’est tambour battant que chaque partie de la lutte tient ainsi à annoncer avoir réussi à recruter des soldats du camp ennemi. C’est comme un butin de guerre, un petit signe de victoire. En faisant défection, pour le compte de l’une ou de l’autre partie, le groupe de soldats apparaît toujours dans une vidéo, armes à la main autour de leur chef. L’officier lit un communiqué affirmant qu’il vient d’intégrer la partie adverse : celle qui, selon lui, « défend au mieux la patrie et préserve l’honneur de ses hommes ».
Ainsi, le 29 juillet, Abdel Fattah al-Burhan a rétabli dans les rangs de l’armée 33 officiers qui avaient quitté les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par Mohamad Hamdan Dogolo, dit Hemedti.
Le même jour, des dizaines de combattants des gardes-frontière à al Facher, au Darfour du Nord, un régiment jadis affecté aux FSR, ont également fait défection des rangs des paramilitaires pour réintégrer l’armée.
Il y a une semaine, au Darfour de l’Est, 15 officiers et 527 soldats de l’armée régulière, tous grades confondus, ont annoncé leur défection de l’armée régulière pour aller combattre dans les rangs des Forces de soutien rapide. Ils ont été accueillis par le chef local des FSR.
Ce mouvement de défection a commencé avec le début de la guerre mais a connu un bond ces dernières semaines. L’incapacité des deux parties à réaliser une avancée significative sur le terrain et leur combat acharné pour la légalité font de la défection une sorte d’arme dans la guerre de communication que se livrent les deux généraux.