Ils dénoncent la libération, par des militaires, d’une guérisseuse qui avait été arrêtée pour des faits de torture, de coups et blessures et de séquestration d’une personne âgée.
La guérisseuse et huit autres personnes arrêtées avaient bastonné une personne âgée et la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux est devenue virale.
L’intrusion des militaires dans un palais de justice est très mal perçue par l’intersyndicale des magistrats burkinabés qui entend le faire savoir à travers ce mouvement d’arrêt de travail.
Des militaires encagoulés et armés, à bord de pickups et de blindés, ont encerclé le palais de justice pour exiger la libération immédiate de neuf personnes, dont une guérisseuse traditionnelle poursuivies pour des faits de torture, de coups et blessures et de séquestration.
Une situation que dénoncent les magistrats qui exigent le retour de la prévenue, Amsétou Nikiéma, dans son lieu de détention.
“C’est une situation suffisamment grave. Nous avons tous appris que le ministre de la Justice s’était déplacé sur les lieux. On pensait qu’il était dans une logique de régler la situation. Cet acte posé est un très mauvais départ pour lui. Nous avons décrété un arrêt de travail sur toute l’étendue du territoire pour le simple fait que nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions. Si des militaires peuvent se retrouver dans un palais de justice pour libérer un prévenu placé sous mandat de dépôt du procureur du Faso, je ne pense pas que les magistrats puissent sereinement travailler dans ces conditions”, a expliqué le magistrat Bruno Zabsonré.
Le gouvernement rassure
Le syndicat des magistrats interpelle donc le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, sur sa responsabilité de garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Dans un communiqué, le gouvernement a rassuré que “toutes les dispositions sont prises pour réserver le meilleur traitement à ce dossier dans le strict respect des principes de l’État de droit, de tolérance zéro à l’impunité, de préservation de la paix sociale et de la sécurité”.
Toutefois, la sortie du gouvernement ne convainc pas à Ouagadougou.
“Le procureur a fait sortir une note pour l’arrestation de la dame. Mais pourquoi, les militaires l’ont fait ressortir ? On ne peut pas établir des casiers judiciaires et de certificats de nationalité. Pour moi, il faut laisser la justice faire son travail”, a déclaré un enseignant venu se faire établir un casier judiciaire.
“Je pense qu’on ne doit pas amener l’institution étatique à ce niveau parce qu’au moins, quand il y’a des règles qui sont établis au niveau de l’Etat on doit être en mesure de faire respecter les règles telle que c’est établi dans notre constitution. Je crois que c’est un précédant assez dangereux de mon point de vue. C’est inadmissible dans un Etat de droit”, a ajouté une autre personne venue au tribunal à Ouagadougou pour une affaire le concernant.
tteinte à l’autorité du pouvoir judiciaire
Romuald Yaro, coordonnateur du Groupe d’initiative pour la refondation de la patrie estime pour sa part qu’il y’a bien une atteinte à l’autorité du pouvoir judiciaire.
“Cette attitude ne consolide pas la synergie d’actions prônée par l’ensemble des entités institutionnelles qui devrait préserver la stabilité sociale, la cohésion sociale et la synergie d’action afin que véritablement le Burkina Faso puisse trouver des solutions à ses problèmes. Il ne faudrait pas qu’un groupe de militaire puisse s’illustrer de cette façon et faire porter à l’ensemble de l’institution militaire cette responsabilité. Il appartient à cette institution militaire de recadrer ces comportements déviants”, a-t-il estimé.
C’est à la suite d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ce week-end et qui mettait en scène un quinquagénaire soumis à la torture par des individus proches de la guérisseuse traditionnelle que le procureur du Faso a ouvert le 27 juillet 2023 une enquête pour identifier et interpeller les auteurs et complices de faits de coups et blessures volontaires et d’actes de torture.