En Somalie, l’attentat-suicide perpétré lundi à Mogadiscio par les Shebabs a eu des répercussions immédiates. Un colonel et plusieurs militaires ont été arrêtés mercredi et accusés d’avoir aidé le terroriste à accéder au périmètre sécurisé où il a fait exploser sa bombe. Les autorités somaliennes restent encore discrètes sur ces arrestations, qui montrent que l’appareil militaire est infiltré par le groupe affilé à al-Qaïda.
Ni l’armée ni le gouvernement n’ont communiqué sur l’attaque de lundi ayant tué plus d’une vingtaine de soldats faisant la queue devant une académie militaire : c’est le président de la chambre basse du Parlement, qui, en l’absence du chef de l’État et du Premier ministre, en déplacement à l’étranger, assure l’intérim du pouvoir.
Dans une vidéo de quatre minutes postée diffusée par la télévision publique, Cheikh Adan Mohamed Nour, surnommé Adan Madobe, a dénoncé la présence de « traîtres » au sein des forces armées, qui auraient « facilité » l’attentat. Il a ordonné une enquête « rigoureuse » sur cette attaque « lâche, sans pitié et sans religion ».
Une source militaire a ensuite affirmé auprès de l’agence Reuters et de VOA qu’un colonel de l’infanterie et deux autres officiers avaient été arrêtés. Le colonel est soupçonné d’avoir conduit le terroriste sur le lieu de l’attaque dans sa voiture.
Un journaliste somalien explique que des arrestations au sein des forces armées ont eu lieu discrètement, ces derniers mois, pour des raisons similaires. L’infiltration de l’appareil d’État et de l’armée est une technique routinière des Shebabs, dit-il. En 2019, le très populaire maire de Mogadiscio avait d’ailleurs été tué par une cellule dormante au sein de son propre cabinet.