Le départ des paramilitaires de Wagner de certaines localités en Centrafrique fait redouter un vide face aux groupes rebelles.
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré, le 29 juin au Kremlin, le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, quelques jours donc seulement après sa rébellion avortée : c’est du moins ce qu’a annoncé ce lundi (10 juillet) la présidence russe.
Une possible conséquence de cette mutinerie s’observe désormais en Centrafrique, où les mercenaires du groupe Wagner se retirent progressivement des positions tenues dans plusieurs villes du pays. Le gouvernement centrafricain relativise la situation et parle d’une rotation.
es témoignages
Plusieurs sources locales et sécuritaires, qui souhaitent rester anonymes, rapportent le retrait des effectifs des mercenaires russes sur le terrain. Notamment dans les villes de Birao, Koui, Nana Bakassa, Nana Boguila, Bouar et Sido, dans le nord et le nord-ouest du pays.
“Les Russes sont en train de repartir. Leur présence ici a un caractère dissuasif. Mais avec leur départ, ça va être très difficile pour nous” explique l’une de ces sources.
Une autre affirme : “Je peux vous confirmer que les Russes sont partis de la ville et je ne les vois plus. “
Une information que confirme une troisième personne selon qui : “C’est vrai, les Russes quittent la ville. Mais on nous dit qu’une partie va rester. Mais s’ils sont en sous-effectif, alors que les rebelles ne sont pas loin, que va nous dire le gouvernement ? Va-t-il renforcer le dispositif pour assurer notre sécurité ?”
Plus d’un millier de mercenaires de Wagner auraient déjà quitté le pays, sur un effectif total non communiqué par le gouvernement, mais les estimations de l’Onu avancent le chiffre d’environ 3.000 hommes.
Des questions et des craintes
Plusieurs sources proches du dossier indiquent par ailleurs que ceux qui sont partis devraient être incorporés dans l’armée régulière russe.
Face à cette inquiétude, le porte-parole de la présidence de la République, Albert Yaloké Mokpem, préfère quant à lui parler de traditionnelle relève des troupes.
“Pour moi, c’est ce qui se passe chaque année, il y en a qui arrivent, il y en a qui s’en vont et ainsi de suite. L’essentiel pour moi, c’est que le travail soit fait ” assure-t-il.
Le retrait des mercenaires russes soulève aussi la question de l’impunité.
“Le départ des Wagner, je n’irai pas jusqu’à dire que je m’en réjouis. Je pourrais reconnaitre avec certains qu’il y a des résultats çà et là mais tous ces résultats sont entachés de crimes imprescriptibles qui, malheureusement, ne seront jamais sanctionnés. Voilà des gens qui sont arrivés et qui ont commis des actes odieux et qui peuvent se permettre de rentrer chez eux sans aucune forme de procès” se demande Jean-Serge Bokassa qui redoute ainsi que les crimes commis par les paramilitaires de Wagner restent impunis.
Selon Thierry Georges Vackat, ancien député et président de la commission défense, ce retrait aura des conséquences pour la sécurité dans le pays.
Selon lui “on ne peut pas utiliser des mercenaires pour entrainer l’armée centrafricaine. Donc ce retrait a des conséquences sur l’organisation et la planification au niveau de la République Centrafricaine”. Pour pallier ce départ partiel des mercenaires russes, le président Faustin-Archange Touadera compte sur le soutien du Rwanda. Celui-ci souhaite ainsi porter à 3.000 hommes l’effectif des troupes rwandaises, dans un contexte où l’armée centrafricaine manque de moyens, notamment de véhicules de transport, les militaires étant parfois obligés de manœuvrer à moto.