En dépit des dénégations rwandaises, les experts de l’ONU continuent de présenter des preuves du soutien actif de Kigali au mouvement armé du M23 dans l’est de la RDC. À l’ONU, ce lundi 19 juin, le groupe d’experts sur le Congo a présenté au Conseil de sécurité son rapport final après une année d’enquête. Dans la continuité des précédents rapports, et notamment le rapport intermédiaire de décembre, les experts onusiens affirment avoir collecté des éléments supplémentaires sur cette implication de l’armée rwandaise dans la province congolaise du Nord-Kivu.
Des entretiens, des photos ou des images aériennes qui attestent de la présence de soldats portant l’uniforme rwandais entre novembre et mars dans les territoires du Rutshuru, du Masisi et du Nyiragongo, selon le rapport présenté par le groupe d’experts. Des preuves également, selon le texte, de la présence de troupes rwandaises à la frontière dans des villes congolaises occupées par le M23.
Les experts de l’ONU affirment que les forces rwandaises ont renforcé les rangs du M23 à plusieurs reprises pour contrôler des points stratégiques. Ainsi, par les événements cités, dans les localités de Kishishe et Bambu, dans le territoire du Rutshuru, leur présence est constatée avant et après la prise de ces zones par le M23.
À Kiwanja, ville prise par le M23 le 29 octobre 2022, une vidéo du 15 novembre montre une colonne de 25 soldats identifiés comme appartenant à l’armée rwandaise. À Mushaki, dans le territoire de Masisi, un ordinateur portable contenant des notes en anglais et en kinyarwanda est retrouvé avec des informations sur l’équipement militaire et détaillant les noms et les grades de soldats et de commandants soupçonnés d’appartenir à l’armée rwandaise et envoyés en mission.
Le groupe d’experts donne aussi les noms de plusieurs officiers supérieurs rwandais impliqués, selon leurs sources, dans l’organisation de ces opérations sur le sol congolais. Opérations qui seraient baptisées « Nord-Kivu », conçues et coordonnées par le général James Kabarebe, actuel conseiller défense et sécurité du président Paul Kagame.
Selon les sources sur lesquelles les experts onusiens s’appuient, l’objectif de Kigali, est de renforcer le M23 pour sécuriser des sites miniers et « décimer » le groupe majoritairement hutu FDLR, soutien régulier de l’armée congolaise.
Ainsi, selon les informations recueillies par les experts, les troupes des RDF (Rwanda Defence Force) ont mené des opérations contre les FDLR et contre le groupe armé Rud-Urunana, dans le but, de « neutraliser » le « colonel » des FDLR Protogène Ruvugayimikore (alias Ruhinda et mi-décembre 2022, le chef du Rud-Urunana, le « colonel » Gavana aurait été tué lors d’une opération menée par les RDF.
Quant aux retraits concédés – sur le papier – par le M23 au profit de la force est-africaine, le groupe d’experts note que, de toute évidence, ces retraits n’ont été que de façade et les combattants sont soit toujours présents dans les zones concernées, soit redéployés. Au sujet des effectifs du mouvement armé, selon le groupe d’experts, avec la formation de nouvelles recrues, le nombre total de combattants du M23 avoisinerait les 3 000 hommes.
Avant que ce troisième rapport ne sorte, la diplomatie internationale est au courant, parce qu’ils ont des services de renseignement. Il n’y a rien qui se passe dans l’Est qui n’est pas vu par des drones, des satellites. Je pense que la population devrait être traitée autrement, parce que c’est une accumulation de frustrations pour les populations congolaises…