Le conseiller spécial de l’opposant Moïse Katumbi est accusé de préparer un coup d’Etat contre le président Félix Tshisekedi mais aussi de collaborer avec le M23.
Salomon Kalonda est détenu depuis le 30 mai 2023. C’est par surprise que les avocats de Salomon Kalonda ont vu leur client transféré samedi (10.06), d’abord à l’auditorat militaire puis à la prison militaire de Ndolo, où il devait être entendu lundi (12.06). Mais l’audition a été reportée à la dernière minute suite à des contraintes de service.
Ses avocats soutiennent que leur client n’a pas pour juge naturel une juridiction militaire. Hervé Diakese, un des avocats de Salomon, suspecte plutôt un procès politique qui viserait à empêcher l’éligibilité de Moïse Katumbi.
“N’eût été le statut de conseiller spécial de Salomon Kalonda, n’eût été le fait que l’opposition avait mené des manifestations, je ne vois pas l’utilité de cette procédure. Lorsque nous suivons le compte rendu des renseignements militaires en parlant de Salomon Kalonda, celui-ci serait en intelligence avec des puissances étrangères pour installer un leader katangais. Cela ne demande pas d’efforts pour déduire que c’est Katumbi qui est visé”, conclut l’avocat.
Lourdes accusations
Accusé de collaborer avec les rebelles du M23 et des officiels rwandais, Salomon Kalonda est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat, incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline et détention illégale d’armes à feu.
Mais certains analystes redoutent que la justice soit perçue comme un outil répressif du pouvoir politique.
Pour Charles Mushizi, directeur du Centre d’échange sur les réformes juridiques et institutionnelles, “il aurait été judicieux pour le parquet de requérir un certain nombre de personnes pour que la justice puisse finalement se faire une idée précise sur l’origine des accusations. La justice apparaît comme un outil qui a plutôt fonctionné dans la précipitation. Nous espérons que les enquêtes en cours vont aboutir à un procès impartial.”
Les services de renseignement militaire ont perquisitionné jeudi (07.06) les résidences de Salomon Kalonda à Kinshasa et de Moïse Katumbi à Lubumbashi. Tout cela intervient à quelques mois des élections attendues le 20 décembre prochain.