Le sud-ouest du Tchad en proie à des attaques depuis bientôt deux mois. De nombreux villages dans les départements du Nya Pendé et du Mont de Lam, dans la région du Logone oriental, subissent les assauts et sont régulièrement attaqués par des assaillants se déplaçant par dizaines à moto, cheval ou dromadaire. Leur mode opératoire n’a rien à voir avec les habituels conflits entre agriculteurs et éleveurs. Cette fois, ces groupes tuent, hommes, femmes et enfants, brûlent les maisons et les réserves de nourritures, avant de voler le bétail. Des méthodes qui sèment terreur, incompréhension et colère, d’autant que personne ne sait exactement qui sont ces assaillants.
Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Qui est derrière ces groupes ? Dans la région, personne ne sait exactement pour le moment, mais tout le monde a sa petite idée. L’évêque de Goré lui a décidé de mettre les pieds dans le plat en disant tout haut ce que murmurent tout bas de nombreux opposants, ainsi que des habitants de ces villages victimes d’un véritable « bain de sang depuis deux mois », selon Mgr Rosario Pio Ramollo.
« Nous avons demandé aux autorités, mais rien n’est fait pour arrêter ce genre de violences. Nous disons : est-ce qu’il n’y a pas quelque chose par derrière qui peut être considéré comme un but recherché dans ces attaques par le gouvernement de transition actuel ? »
Derrière cette politique de la terre brûlée, analyse l’évêque de Goré, « peut-être la volonté de punir une population du sud considérée comme opposée au gouvernement de transition », dit-il.
Depuis 23 ans que je suis évêque ici, je n’ai jamais vu et entendu ce type d’attaques ou de violences envers la population locale. Il y a eu des femmes et des enfants tués… Et il n’y a pas que les gens qui sont tués. Il y a les maisons brûlées, les denrées alimentaires brûlées…
Mais après le porte-parole du gouvernement, le ministre tchadien de la Défense s’est inscrit en faux contre ces accusations lundi. Il assure que la situation est sous contrôle même si certains villages ont été attaqués dernièrement. Le général Daoud Yaya Brahim.
« Dès qu’on a une information, l’armée intervient. Hier, quant ce forfait a eu lieu, l’armée est intervenue pour capturer les bandits. Non, non, ça c’est une sorte de démagogie politique. Il y a des malfaiteurs qui viennent d’un peu partout, sans doute de la RCA, qui trouvent une percée, ils rentrent, ils volent. Mais nous au Tchad, nous avons la maitrise de notre pays. »
Une source gouvernementale dénonce la volonté d’une partie de l’opposition d’« envenimer la situation », en promettant de grandes révélations à la fin de l’enquête en cours.