Le groupe Wagner, une force militaire privée de plusieurs milliers d’hommes, fondée par l’homme d’affaires russe Evgueni Prigojine, est devenu ces dernières années l’un des outils de politique étrangère le plus influent de la Russie.
Il a un rôle important sur les champs de bataille en Syrie, en Ukraine, et récemment s’est efforcé d’étendre son empreinte en Afrique.
Depuis 2017, Wagner opère dans plusieurs pays africains, fournissant à ses clients un soutien militaire, des services de sécurité, de la propagande, tout en étendant l’influence de Moscou sur le continent, d’après les experts William Rampe, Michael Bricknell et Will Merrow, du Council on Foreign Relations (CFR).
Plutôt qu’une entité unique, Wagner est un réseau complexe d’entreprises et de groupes de mercenaires dont les opérations ont été étroitement liées à l’armée russe et à la communauté du renseignement. On estime qu’il compte quelque cinq mille membres présents à travers l’Afrique, une combinaison d’anciens soldats russes, de condamnés et de ressortissants étrangers.
« Le principal objectif de la Russie en Afrique est de se constituer un soutien diplomatique qu’elle espère utiliser dans des instances telles que les Nations unies », explique Thomas Graham, du CFR. « Le groupe Wagner s’est impliqué en Afrique pour des raisons qui lui sont propres, comme la recherche d’argent. Mais plus récemment, le Kremlin a trouvé là un complément utile à ce qu’il essaie de faire sur le plan diplomatique ».
Désigné comme une importante organisation criminelle transnationale par le gouvernement américain (USA), Wagner s’est implanté dans plusieurs pays d’Afrique, où la plupart de ses opérations portent sur des questions de sécurité. Il a souvent fourni des services de sécurité et une assistance paramilitaire et lancé des campagnes de désinformation pour des régimes en difficulté, en échange de concessions de ressources et d’un soutien diplomatique.
Wagner est particulièrement actif en République centrafricaine (RCA), en Libye, au Mali, au Soudan et au Mozambique, pays qui entretiennent tous des relations tendues avec l’Occident en raison de l’héritage colonial et de divergences politiques inhérentes.
Soutien à la sécurité et à la formation, Wagner agit comme un service de sécurité pour les régimes vulnérables.
Dans certains cas, l’engagement de Wagner en Afrique a donné lieu à des violations présumées des droits de l’homme et a exacerbé l’insécurité régionale. En Libye, les troupes de Wagner qui ont combattu aux côtés de l’armée nationale libyenne lors de sa campagne de 2019 à Tripoli ont été accusées d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires et d’avoir posé des mines terrestres dans des zones civiles.
Plus récemment, le groupe aurait fourni du matériel militaire et des instructeurs étrangers au groupe terroriste polisario, parrainé par l’Algérie.
Les troupes Wagner s’activent également dans les mêmes zones que la mission de maintien de la paix des Nations unies en RCA, menaçant ainsi la capacité des Nations unies à protéger les civils.
Entre-temps, le groupe a continué à étendre son emprise sur le Sahel. Des fuites récentes de renseignements américains ont révélé que Wagner travaille avec les rebelles tchadiens pour renverser le président de transition du pays, et certains analystes prédisent que le Burkina Faso pourrait bientôt embaucher Wagner pour l’aider à contrer une insurrection djihadiste croissante après que la France a retiré ses troupes du pays au début de l’année.