Ces condamnations font suite à une manifestation violemment réprimée le 20 octobre 2022, où 73 personnes avaient été tuées selon le gouvernement.
Soixante-dix-sept personnes ont été condamnées à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang en octobre 2022 au Tchad, a annoncé dimanche 14 mai le procureur général de N’Djamena, mais la présidence tchadienne a indiqué qu’elles seraient graciées.
Une centaine de personnes comparaissaient pendant plusieurs jours et jusqu’à samedi devant la cour d’appel de N’Djamena, dont les audiences se déroulaient dans la prison de haute sécurité de Koro Toro où elles étaient détenues, à 600 kilomètres de la capitale tchadienne.
Soixante personnes ont été condamnées à des peines allant de 18 mois à 5 ans de prison ferme pour des délits mineurs, notamment « d’attroupement non autorisé », a indiqué à l’AFP Mahamat El Hadj Abba Nana, procureur général de la cour d’appel de N’Djamena.
En matière criminelle, 17 autres personnes ont été condamnées à 5 ans d’emprisonnement pour « destruction et incendie volontaire », et 21 ont été relaxées « au bénéfice du doute », a-t-il ajouté. Ces personnes faisaient partie des centaines de manifestants, principalement de jeunes hommes, arrêtés pendant et après une manifestation violemment réprimée le 20 octobre 2022.
« Jeudi noir »
Selon le gouvernement, 73 personnes ont été tuées lors de ce « jeudi noir », mais bien davantage selon l’opposition et des ONG qui dénoncent des violations des droits humains, des disparitions et des cas de torture.
Les manifestants répondaient à l’appel de l’opposition à se mobiliser pacifiquement contre la prolongation de deux ans au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno en octobre. « Tout le monde sera gracié », a indiqué à l’AFP Brah Mahamat, le porte-parole de la présidence tchadienne.
Fin mars, Mahamat Déby avait déjà gracié et libéré 259 jeunes arrêtés pour leur participation à cette manifestation et condamnés à des peines de prison ferme. « Le jugement est une chose et la grâce présidentielle en est une autre. Il faut qu’il y ait condamnation avant que la grâce présidentielle intervienne », a justifié la présidence.
En mars, M. Déby avait par ailleurs gracié 380 rebelles condamnés à la prison à vie, entre autres pour le « meurtre » de son père, l’ancien président Idriss Déby Itno. Ce jeune général de 37 ans avait été proclamé chef de l’Etat à la tête d’une junte militaire le 20 avril 2021 à l’annonce de la mort d’Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé d’une main de fer le Tchad pendant trente ans.