L’assassinat d’Anye Nde Nsoh, revendiqué par les Ambazonian Dark Forces, aurait visé à l’origine un haut gradé de l’armée régulière.
Un journaliste a été tué, dimanche, par des rebelles séparatistes armés, selon un préfet, dans l’ouest du Cameroun, où un sanglant conflit oppose l’armée à des indépendantistes de la minorité anglophone, un de leurs chefs affirmant, mardi 9 mai, qu’ils se sont trompés de cible.
A Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest, « un groupe de terroristes armés (…) ont lâchement et froidement assassiné » Anye Nde Nsoh, correspondant notamment de l’hebdomadaire The Advocate Newspaper, a indiqué dans un communiqué daté de lundi Simon Emile Mooh, préfet du département de la Mezam. Les autorités camerounaises désignent par le terme « terroristes » dans cette région les groupes armés séparatistes anglophones.
« Il a été fusillé dans un bar. On ne sait pas s’il était délibérément visé ou alors s’il est une victime collatérale », a déclaré à l’AFP Tarhyang Enowbikah Tabe, le directeur de The Advocate Newspaper.
« Erreur »
Mardi, Capo Daniel, un leader connu des « Ambazoniens » – du nom « Ambazonie » que les séparatistes donnent à la région dont ils réclament l’indépendance –, a reconnu dans une vidéo sur sa page Facebook que M. Nde Nsoh, âgé de 26 ans, a bien été tué par « des forces ambazoniennes », mais assure que ses assassins se sont trompés de cible. « La cible était un officier commandant » de l’armée « qui fréquentait ce bar », mais il y a eu « une erreur sur son identité », proclame Capo Daniel. Il se présente comme le « commandant » d’un groupe dénommé Ambazonian Dark Forces, et « est l’un des principaux leaders séparatistes anglophones » vivant en exil, a confirmé, sous couvert d’anonymat, un officier de l’armée à qui l’AFP a envoyé la vidéo.
Les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont peuplées principalement par la minorité anglophone du Cameroun, dont une partie s’estime ostracisée par la majorité francophone de ce pays dirigé d’une main de fer depuis plus de quarante ans par le président Paul Biya, 90 ans.
Elles sont le théâtre depuis fin 2016 d’un conflit meurtrier entre les rebelles séparatistes d’un côté, et l’armée et la police de l’autre, les deux camps étant régulièrement accusés par les ONG internationales et l’ONU de crimes contre les civils. Le conflit a fait plus de 6 000 morts et forcé plus d’un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).