La trêve, qui devait prendre fin dimanche soir, a été reconduite mais les combats se poursuivent. Les Soudanais sont pris au piège de l’affrontement entre deux généraux depuis près de trois semaines.
Les affrontements entre l’armée soudanaise et les paramilitaires ont repris, dimanche 30 avril, à Khartoum, alors qu’une trêve de trois jours, qui n’a jamais été respectée, a été reconduite pour 72 heures. Comme les précédentes, elle a été obtenue « sous médiation des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite », a précisé l’armée dans un communiqué.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a décidé d’envoyer « immédiatement » dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths. Selon celui-ci, la « situation humanitaire atteint un point de rupture » dans le pays. Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a « épuisé la plupart de nos stocks. Nous cherchons des moyens rapides pour acheminer et distribuer » des provisions supplémentaires, a expliqué M. Griffiths, pour qui la « solution évidente » est de « cesser le combat ».
« L’échelle et la vitesse à laquelle se déroulent les événements au Soudan sont sans précédent », avait déclaré plus tôt le porte-parole du patron de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué, se disant « extrêmement inquiet » et appelant « toutes les parties » à protéger les civils et à leur permettre de fuir les zones de combat.
Des millions de Soudanais sont pris au piège des bombardements et des tirs antiaériens depuis le déclenchement, le 15 avril, d’une guerre entre l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane et son numéro deux, le général Mohammed Hamdan Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires redoutés.
Des Soudanais cherchent à quitter Khartoum à bord d’un camion, le 28 avril 2023. Des Soudanais cherchent à quitter Khartoum à bord d’un camion, le 28 avril 2023.
Des Soudanais cherchent à quitter Khartoum à bord d’un camion, le 28 avril 2023. STRINGER / REUTERS
Les affrontements entre l’armée soudanaise et les paramilitaires ont repris, dimanche 30 avril, à Khartoum, alors qu’une trêve de trois jours, qui n’a jamais été respectée, a été reconduite pour 72 heures. Comme les précédentes, elle a été obtenue « sous médiation des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite », a précisé l’armée dans un communiqué.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a décidé d’envoyer « immédiatement » dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths. Selon celui-ci, la « situation humanitaire atteint un point de rupture » dans le pays. Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a « épuisé la plupart de nos stocks. Nous cherchons des moyens rapides pour acheminer et distribuer » des provisions supplémentaires, a expliqué M. Griffiths, pour qui la « solution évidente » est de « cesser le combat ».
« L’échelle et la vitesse à laquelle se déroulent les événements au Soudan sont sans précédent », avait déclaré plus tôt le porte-parole du patron de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué, se disant « extrêmement inquiet » et appelant « toutes les parties » à protéger les civils et à leur permettre de fuir les zones de combat.
Des millions de Soudanais sont pris au piège des bombardements et des tirs antiaériens depuis le déclenchement, le 15 avril, d’une guerre entre l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane et son numéro deux, le général Mohammed Hamdan Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires redoutés.
Lire notre éditorial : Les Soudanais pris en otages du conflit entre les généraux
Un premier avion chargé de « huit tonnes » d’aide, dont « du matériel chirurgical », a atterri à Port-Soudan. Il doit permettre « de soigner 1 500 patients » dans le pays, où la plupart des hôpitaux sont hors service en raison des combats. A bord de l’avion se trouve également du personnel humanitaire. L’espace aérien soudanais est fermé depuis le 15 avril, car les combats ont débuté à l’aéroport de Khartoum.
La guerre a fait 528 morts et 4 599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués, et les deux camps n’ont cessé de s’accuser mutuellement de violer la trêve. Dimanche, des témoins ont fait état d’affrontements près du quartier général de l’armée à Khartoum et de frappes aériennes à Omdourman, banlieue au nord de la capitale. « Il y a de très violents combats, des coups de feu résonnent dans ma rue toutes les quelques minutes depuis l’aube », rapporte un témoin à l’Agence France-Presse (AFP).
Aucune solution diplomatique en vue
Alors que le conflit entre dans sa troisième semaine, les 5 millions d’habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre aux pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Soudan ou ont entrepris des voyages harassants vers les pays voisins, le Tchad, l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan du Sud.
Les autorités de Khartoum ont déclaré octroyer « un congé jusqu’à nouvel ordre » aux fonctionnaires de la capitale, tandis que la police a confirmé son déploiement dans la ville pour prévenir les pillages, comme cela avait été annoncé par l’armée. La plupart des hôpitaux du pays sont hors service à cause des combats et pour ceux qui fonctionnent encore, « la situation est intenable » car les fournitures de base manquent, a affirmé à l’AFP TV Majzoub Saad Ibrahim, médecin à Ad-Damir, capitale de l’Etat du Nil, au nord de Khartoum.
Les gouvernements étrangers ont évacué leurs ressortissants et des citoyens d’autres nationalités, surtout depuis Port-Soudan vers Djedda, en Arabie saoudite, sur l’autre rive de la mer Rouge. Londres a également annoncé dimanche l’organisation d’« un vol supplémentaire d’évacuation à partir de Port-Soudan [qui] partira lundi » et appelle ses ressortissants souhaitant y embarquer à se rendre à l’aéroport international de cette ville.
« Dans le cadre d’un effort multinational, le gouvernement américain, de concert avec ses alliés et partenaires, a facilité le départ de près de 1 000 citoyens américains du Soudan depuis le début des violences », a affirmé un porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller. Il a précisé qu’un deuxième convoi organisé par le gouvernement avait atteint la ville côtière de Port-Soudan, d’où les évacués pourront notamment embarquer pour Djedda en Arabie saoudite. Une première opération similaire a eu lieu samedi.
Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), 75 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et au moins 20 000 ont fui vers le Tchad, 4 000 vers le Soudan du Sud, 3 500 vers l’Ethiopie et 3 000 vers la Centrafrique.
Des « violences armées entre tribus » dans le Darfour
Le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal Ben Farhan, a reçu dimanche un émissaire du général Bourhane, mais malgré les appels de la communauté internationale, aucune solution diplomatique n’est en vue entre les deux rivaux en treillis. « L’ONU intensifie ses efforts pour aider les personnes en quête de sécurité dans les pays voisins », assure sur Twitter son secrétaire général, Antonio Guterres, qui dit soutenir toute médiation africaine. Le chef de l’ONU a mis en garde contre une situation « terrible » au Darfour, où « la société s’effondre » avec « des tribus qui essaient désormais de s’armer ».
Les autorités soudanaises précisent que les combats touchent douze des dix-huit Etats qui composent ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde. Selon l’ONU, une centaine de personnes ont été tuées depuis lundi à Al-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, une région encore marquée par la sanglante guerre civile des années 2000. Les « violences armées entre tribus » ont causé la destruction de l’hôpital principal de la ville, affirme le ministère de la santé. Médecins sans frontières (MSF) a annoncé avoir dû « arrêter la quasi-totalité de [ses] activités » à cause des violences.
A la tête des miliciens janjawids, le général Daglo, dit « Hemetti », avait mené la politique de la terre brûlée au Darfour, sur ordre d’Omar Al-Bachir, l’ancien dictateur renversé en 2019 par la rue. La guerre déclenchée en 2003 avait fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU. Depuis, les janjawids ont évolué et ont officiellement donné naissance en 2013 aux FSR, supplétif paramilitaire de l’armée.
Aujourd’hui rivaux, les généraux Bourhane et Daglo avaient pourtant fait front commun lors du putsch de 2021 pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute d’Omar Al-Bachir. Mais des divergences sont ensuite apparues et, faute d’accord sur l’intégration des FSR dans l’armée, ont dégénéré en guerre ouverte.