Face à l’afflux de réfugiés fuyant les combats au Soudan, les ONG tirent la sonnette d’alarme : le Tchad n’a pas les moyens de les accueillir convenablement.
Ils sont chaque jour, des centaines voire des milliers de personnes à fuir le Soudan pour trouver refuge au Tchad voisin. Parmi ces réfugiés, 320 soldats soudanais. Le Tchad qui affirme avoir désarmé ces soldats de l’armée régulière, se contente pour l’instant de sécuriser ses frontières, affirme le ministre tchadien de la Défense Daoud Yaya Brahim qui s’inquiète par ailleurs de ce flux de migrants :
“Nous avons plus de 400.000 réfugiés soudanais qui sont chez nous depuis 2003. Il y en a d’autres qui arrivent, regardez les conséquences que le Tchad va subir. Nous étions interpellés par le président de la transition, nous qui sommes surtout concernés par la sécurité. Il nous a instruits sur beaucoup de mesures et des dispositions ont été prises pour sécuriser notre frontière, partant le pays.”
Plus de 100.000 réfugiés attendus
Selon l’Agence de développement économique et social (ADES), une ONG humanitaire tchadienne qui intervient au Soudan depuis plus de 10 ans, le Tchad pourrait accueillir plus de cent mille réfugiés. Abdelhakim Tahir est le directeur général de cette ONG
“Nos équipes ont dénombré une vingtaine de milliers de personnes. Ça continue, par exemple du côté de Khartoum, également dans la zone de Nyala, El Fasher … les populations, prises en tenailles par les deux groupes, arrivent à s’évader et donc ça continue. Et dans notre plan de contingence humanitaire, nous prévoyons vraiment une centaine de milliers de personnes qui risqueraient de traverser la frontière vers le Tchad.”
Une situation déjà alarmante
Déjà, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) avait averti, qu’au Tchad, la fourniture de nourriture aux réfugiés serait réduite de moitié dès le mois de mai prochain, faute de soutien financier.
Face à cette situation alarmante, le directeur général de l’ONG ADES, Abdelhakim Tahir, appelle à la mobilisation de la communauté internationale en faveur de ces réfugiés :
“C’est une catastrophe humanitaire qui s’annonce. Le PAM, le Programme Alimentaire Mondial, n’a plus de ressources. Le PAM c’est quant même le partenaire qui mobilise des ressources pour faire face aux besoins alimentaires des réfugiés. Mais déjà pour les anciens réfugiés ils n’ont pas de ressources et pour l’afflux actuel, il n’y a pas vraiment de ressources. Et le programme d’assistance du Tchad est sous-financé. La communauté internationale se doit vraiment de se mobiliser.” Nous craignons vraiment le pire. Les organisations ne seront pas en mesure de faire face à cet afflux des réfugiés soudanais”.
Selon des estimations, le PAM a besoin d’urgence d’un peu plus de 142 millions de dollars au cours des six prochains mois pour maintenir son programme d’aide aux réfugiés et fournir une assistance alimentaire vitale aux communautés affectées par la crise au Soudan.