Tunisie : manifestation contre une série d’arrestations d’opposants

En Tunisie, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche à l’appel d’une coalition d’opposition au président Kaïs Saïed, pour réclamer la libération d’une vingtaine d’opposants, des anciens ministres, hommes d’affaires ou des médias, arrêtés depuis début février pour “complot contre la sureté de l’État”. Amnesty International avait jugé ces accusations infondées.

En Tunisie, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche 9 avril, au centre de la capitale à l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition au président Kaïs Saïed, pour réclamer la libération d’une vingtaine d’opposants arrêtés depuis début février.

Portant des drapeaux tunisiens ou des pancartes à l’effigie des personnes emprisonnées, environ 300 militants de partis d’opposition ont scandé des slogans appelant à leur libération devant le Théâtre municipal de Tunis, selon des journalistes de l’AFP.

Lors de la manifestation, Samir Ben Amor, un responsable du Parti républicain, a réclamé un “dialogue national afin d’élaborer une feuille de route pour sauver la Tunisie et revenir sur la voie démocratique”.

Vague d’arrestations

Depuis début février, les autorités ont incarcéré plus de 20 opposants et des personnalités parmi lesquelles des ex-ministres, des hommes d’affaires et le patron de la radio la plus écoutée du pays, Radio Mosaïque.

Ces arrestations, dénoncées par des ONG locales et internationales, ont visé des figures politiques de premier plan du Front de salut national et sa principale composante, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Le président Kaïs Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, a qualifié les personnes arrêtées de “terroristes”, affirmant qu’elles étaient impliquées dans un “complot contre la sureté de l’État”.

Dénonçant “une chasse aux sorcières”, Amnesty International a appelé le pouvoir tunisien à “abandonner l’enquête pénale visant au moins 17 personnes (…) sur la base d’accusations infondées de complot”.

Belgacem Hassen, du FSN, a demandé dimanche que le “parquet ou la justice prenne le relais (de la police, ndlr) et présente au peuple tunisien les accusations contre les détenus”.

Le “non” de Kaïs Saïed au FMI

Les manifestants ont aussi évoqué le rejet il y a quelques jours par le président Kaïs Saïed “des diktats du FMI” avec lequel la Tunisie est en pourparlers depuis des mois pour un plan de sauvetage d’1,9 milliard de dollars (1,75 milliard d’euros).

“Le gouvernement négocie depuis un an et demi avec le Fonds monétaire international et sur un seul mot du président, toute négociation a été coupée, condamnant la Tunisie à une aggravation de la crise”, a déploré Samir Ben Amor.

La Tunisie, qui peine à se relever de la crise du Covid-19, est en proie à une forte inflation dépassant les 10 %. Et sans aide extérieure, l’État, très endetté, risque, selon les agences de notation, de ne pas pouvoir rembourser dans les mois à venir plusieurs emprunts souscrits à l’étranger.