Jeudi, l’Assemblée nationale et le sénat gabonais réunis en Congrès ont opéré une révision de la constitution du pays, permettant de réduire le mandat du président de la République de sept à cinq ans, et le scrutin de deux à un seul tour. Un changement dénoncé par une partie de l’opposition.
Le Parlement du Gabon a voté jeudi 6 avril une révision de la Constitution réduisant de sept à cinq ans le mandat du président de la République et le scrutin de deux à un seul tour, à moins de cinq mois des élections présidentielle et législatives.
Ces changements, en particulier le scrutin à un tour, ont été dénoncés par une partie de l’opposition (qui s’avance pour l’heure très désunie) comme un moyen de “faciliter la réélection” potentiellement à une majorité relative du chef de l’État Ali Bongo Ondimba, qui dirige le pays depuis plus de 13 ans.
L’Assemblée nationale et le Sénat, réunis en Congrès à Libreville, ont “adopté le projet de révision de la Constitution”, par “86 % des suffrages exprimés”, “largement au-dessus de la majorité qualifiée requise des deux tiers”, a déclaré le président de l’Assemblée nationale Faustin Boukoubi, à l’issue d’un vote retransmis en direct par la télévision publique Gabon Première.
“Résultats d’un consensus”
Le Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze s’est aussitôt félicité de cette révision, “résultat d’un consensus issu d’une concertation politique de 10 jours” en février “entre la majorité et l’opposition”. Ce dialogue avait cependant été boudé par d’importants dirigeants de l’opposition et leur partis.
La révision instaure notamment l’alignement de tous les mandats politiques à cinq ans (il était de sept pour le président), la “non limitation de tous les mandats politiques” et le retour à un scrutin à un tour “pour toutes les élections” (il était passé à deux tours lors d’une précédente révision en 2018).
Le tout à moins de cinq mois – fin août – des élections présidentielle, législatives et locales, dont la date précise n’a pas encore été annoncée.
Ali Bongo, pas encore candidat à la présidentielle
Ali Bongo, 64 ans, avait été élu en 2009 après le décès de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigea sans partage plus de 41 ans ce petit pays d’Afrique centrale riche de son pétrole. Il avait été réélu difficilement en 2016 avec 5 500 voix d’avance seulement sur l’opposant Jean Ping qui avait dénoncé une élection truquée.
Victime d’un AVC en octobre 2018 qui l’a laissé de long mois éloigné de la scène politique, et à la suite duquel l’opposition continue de mettre en doute sa capacité physique à diriger le pays, il n’a pas encore annoncé sa candidature pour l’été 2023.
Mais elle ne fait guère de doute, réclamée par son tout-puissant Parti Démocratique Gabonais (PDG), ultra-majoritaire dans les deux chambres du Parlement.
Cela fait 55 ans que le Gabon est dirigé par la famille Bongo, l’opposition dénonçant régulièrement un “pouvoir dynastique”. Mais cette dernière ne parvient pas à s’entendre sur un candidat unique.
Une quinzaine de personnes ont déjà annoncé leur intention de se porter candidat contre Ali Bongo. Et pas encore ses plus farouches opposants, comme Jean Ping, Paulette Missambo de l’Union nationale (UN), ou Alexandre Barro Chambrier du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM).