Le Conseil national de transition tchadien (CNT) s’est réuni mardi et a adopté une ordonnance sur le statut général des militaires des forces de défense et de sécurité. L’objectif est de moderniser et professionnaliser les forces tchadiennes. Elles sont décrites par certains comme claniques, malgré les démentis du pouvoir. Pour la première fois, un plan de carrière pour ces soldats a été présenté avec des règles pour monter dans la hiérarchie.
Le nombre de généraux ne cesse d’augmenter au Tchad, de même que leur coût financier. Gratuité du logement, de l’eau, de l’électricité, une voiture de fonction ou encore un salaire qui se chiffre en millions de francs CFA… Chaque général jouit d’avantages exorbitants, selon le conseiller Takilal Ndo-lassem, qui n’a pas caché son inquiétude devant le CNT : « L’armée du Tchad, c’est une armée à la pyramide inversée. Nous avons plus de généraux que le Nigeria. Nous avons presque 400 généraux dont 300 viennent d’une même région. La majorité de ces gens sont du même clan. »
Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, a rétorqué le ministre de la Défense, le général Daoud Yaya Brahim, qui assure que des mesures d’accompagnement ont été prévues pour les départs à la retraite, sachant qu’aucun d’eux n’était parti à la retraite depuis 2011 à la suite du gel de leur mise à la retraite, officiellement pour éviter qu’ils ne tombent dans la précarité.
De 4 000 à 6 000 hommes vont donc être concernés par la mesure, précise le général, ajoutant qu’il s’agit de départs échelonnés sur plusieurs mois avec une retraite confortable prévue pour chaque catégorie : « Ces honorables officiers, sous-officiers et soldats qui ont donné de leur sang pour la sécurité de ce pays ne vont pas partir comme ça. Jamais. »
« On ne le fera plus jamais »
Enfin, des conseillers ont pointé le problème de « favoritisme » qui gangrène ces corps, notamment lorsque des civils y sont intégrés et sont propulsés du jour au lendemain au grade de général. Cela ne se reproduira plus, a assuré le ministre tchadien de la Défense : « Les galons ne se donnent pas comme ça. Il y a des gens qui sont venus dans l’armée un seul jour et ils sont devenus des généraux. On ne le fera plus jamais. »
Une promesse qui n’a pas trop convaincu plusieurs conseillers contactés au téléphone : « J’y croirai lorsque je le verrai ! », s’est exclamé l’un d’eux.