Le royaume chérifien est le pays du Maghreb qui compte le plus de créateurs de contenus et d’influenceurs, écrit l’hebdomadaire “TelQuel”. En l’espace de quelques années, leur nombre a même explosé, signe d’un business florissant.
Comment définir un influenceur ou un créateur de contenus, se demande le magazine TelQuel. La réponse est moins évidente qu’il n’y paraît puisqu’il n’existe aucun statut juridique pour ce métier. L’hebdomadaire de Casablanca se risque tout de même à une définition : “Du maquillage au voyage en passant par la technologie, le sport, l’humour ou encore la politique, être créateur de contenus semble être synonyme de partage d’une passion sur les réseaux sociaux… Et en tirer une rémunération.”
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Selon l’agence marocaine Influencia, spécialisée dans le conseil en marketing d’influence, le Maroc compte aujourd’hui 60 000 influenceurs, contre 1 400 seulement en 2018. Il est le pays maghrébin qui en compte le plus, loin devant la Tunisie et l’Algérie. “L’engouement pour la création de contenus a vite fait du Maroc un champion en influence au Maghreb.”
TelQuel a rencontré plusieurs d’entre eux, traitant de la mode, de l’humour ou encore de la cuisine, et cumulant parfois des millions de followers. L’envergure de leur communauté sur les diverses plateformes en ligne leur permet de “[monnayer] leur notoriété […] en pratiquant le placement de produits”. Ils collaborent ainsi avec des marques qui ciblent en premier lieu les jeunes utilisateurs.
Le titre a pu rencontrer Ezzoubair Hilal, 28 ans, qui exerce aussi ses talents d’humouriste sur Intagram où il cumule 3,5 millions de followers. “On peut […] vivre confortablement en étant uniquement influeneur au Maroc. Il faut juste être créatif, à jour, et régulier, et savoir soigner son contenu”, explique-t-il. Suite au succès de ses vidéos, il a été sollicité par de grandes marques comme le constructeur automobile Hyundai ou la marque de sodas Sting.
Réguler le secteur ?
Mais TelQuel décrit aussi un univers sans “sans garde-fous”. “Au milieu des contenus qui peuvent être instructifs comme la vulgarisation scientifique, certains influenceurs collectionnent les abonnés en partageant simplement un ‘Routini lyaoumi’ [routine quotidienne] qui consiste à exposer sa vie jusqu’au moindre détail au quotidien à un large public d’abonnés.”
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Créateur d’une chaîne alliant humour et vulgarisation scientifique sur Instagram, Oubeid Hlal, estime que beaucoup de contenus sont “médiocres”, et plaide pour unr forme de régulation. “Les autorités doivent promouvoir un ecosystème qui produit une génération de créateurs de contenus dotés d’un certain niveau intellectuel et d’un esprit critique […] Nous essayons à notre échelle d’élever le niveau.”
Interrogé par TelQuel dans un autre article, le spécialiste en stratégie marketing Othman E -Ouazzani estime à 3 milliards de dirhams le poids de secteur de l’influence au Maroc, soit environ 270 millions d’euros. Pour leurs campagnes de marketing, les influenceurs les plus prisés peuvent recevoir des rémunérations allant de 3 000 à 100 000 dirhams (270 euros à plus de 9 000 euros).
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