Mené par TotalEnergies, le mégaprojet Eacop rencontre l’opposition de militants, qui estiment qu’il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.
La Tanzanie a donné son accord, mardi 21 février, à la construction d’un oléoduc de 3,5 milliards de dollars (environ 3,3 milliards d’euros) dans le cadre d’un mégaprojet controversé destiné à transporter les hydrocarbures d’Afrique de l’Est aux marchés internationaux, malgré les critiques récurrentes des défenseurs de l’environnement. Cet oléoduc, long d’environ 1 500 km, doit relier les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien.
Ce projet nécessite l’approbation des deux pays. En janvier, l’Ouganda a délivré une licence au consortium East African Crude Oil Pipeline Company (Eacop), détenu à 62 % par le géant français TotalEnergies. L’approbation par le gouvernement tanzanien « marque un autre pas en avant pour l’Eacop, car elle permet le démarrage des principales activités de construction en Tanzanie à l’issue du processus d’accès aux terres en cours », a déclaré la directrice générale de l’Eacop en Tanzanie, Wendy Brown.
Le projet « se conformera non seulement aux lois de la Tanzanie et de l’Ouganda, mais également aux normes internationales les plus strictes », notamment en matière de « droits humains », a assuré Mme Brown. Selon elle, quelque 13 000 ménages sont touchés par le tracé du gazoduc. Le projet, d’un montant de 10 milliards de dollars entre la Tanzanie et l’Ouganda, rencontre l’opposition de militants et de groupes de défense de l’environnement, qui estiment qu’il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.
« Devoir de vigilance »
« Nous sommes fiers de ce pipeline, car il augmentera l’influence de la Tanzanie dans le monde », a vanté January Makamba, le ministre tanzanien de l’énergie. « Il y a beaucoup de bruit contre ce projet, mais nous redoublons d’effort pour préserver l’environnement », a-t-il poursuivi, évoquant les programmes de plantation de végétation sur le tracé de l’oléoduc. « Nous avons respecté toutes les normes environnementales, de sécurité et de droits humains », a également assuré le ministre.
Six ONG ont assigné TotalEnergies devant le tribunal judiciaire de Paris, fin 2022, sommant le groupe de respecter une loi, votée en 2017, qui impose aux multinationales un « devoir de vigilance » sur leurs activités dans le monde. Le délibéré est attendu le 28 février.
Le lac Albert, frontière naturelle entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC), recèle une quantité de pétrole brut estimée à 6,5 milliards de barils, dont environ 1,4 milliard sont actuellement considérés comme récupérables.