Plus d’un an après le coup d’État militaire au Soudan, les partis politiques ont entamé ce mois-ci des pourparlers visant à rétablir une transition dirigée par des civils, que l’ONU a saluée comme une étape importante vers la paix et la démocratie.
Le coup d’État a mis fin à un accord de partage du pouvoir entre les dirigeants militaires et civils établi à la suite du renversement en avril 2019 du Président Omar el-Béchir, qui avait régné pendant 30 ans.
« Près de 15 mois après le coup d’État du 25 octobre 2021, le retour sur la voie de la transition serait une avancée majeure pour tous les Soudanais, qu’ils soient civils ou militaires », a déclaré Volker Perthes, le Représentant spécial des Nations Unies pour le Soudan, lors d’un entretien avec ONU Info.
Aspiration à la paix
Les pourparlers marquent la deuxième et dernière phase d’un processus politique qui a commencé en décembre avec la signature d’un accord-cadre politique pour une transition de deux ans menant à des élections.
Ils sont facilités par l’ONU, l’Union africaine (UA) et l’IGAD, un groupement régional composé de sept pays d’Afrique de l’Est, connus ensemble sous le nom de Mécanisme tripartite.
Dans une déclaration publiée à la suite du lancement de cette phase finale le 8 janvier dans la capitale, Khartoum, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a décrit le développement comme « un nouveau pas en avant important vers la réalisation des aspirations du peuple soudanais à la démocratie, à la paix et au développement durable ».
Des représentants de la société civile, du milieu universitaire, du secteur privé, des groupes de défense des droits des jeunes et des femmes, ainsi que des chefs traditionnels et religieux, participent également aux pourparlers.
Cinq ateliers seront organisés, dont le premier portant sur une feuille de route pour le démantèlement de l’ancien régime, a indiqué M. Perthes, qui dirige également la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS).
« J’ai pu assister à un certain nombre de sessions, de réunions et d’ateliers, et j’ai été personnellement impressionné par le niveau des discussions et la sincérité avec lesquelles les Soudanais se parlaient, interagissaient les uns avec les autres », a-t-il poursuivi. « C’était très axé sur les résultats, et c’est important dans ce contexte ».
La reddition des comptes est une priorité
Aucune solution n'est idéale, mais avoir une solution vaut mieux que n'en avoir aucune - Volker Perthes
Le mois dernier, l’envoyé a informé le Conseil de sécurité de l’ONU de l’accord-cadre, affirmant qu’il pourrait signaler un moyen de sortir de l’incertitude et de l’insécurité suscitées par le coup d’État.
Certaines factions ont critiqué l’accord pour avoir négligé des questions telles que la reddition des comptes, mais M. Perthes a réfuté ces affirmations.
« La reddition des comptes est mentionnée dans l’accord-cadre, mais il est vrai qu’elle doit être précisée davantage », a-t-il déclaré.
« Il y aura un atelier – probablement l’un des plus importants des cinq ateliers – sur la justice transitionnelle, qui porte bien sûr sur la reddition des comptes et comment la pratiquer dans un contexte difficile », a-t-il ajouté.
Les pourparlers étant en cours, M. Perthes a été interrogé sur les prochaines étapes, exprimant de l’espoir pour l’avenir.
« Je suis plus optimiste, beaucoup plus optimiste qu’il y a un an », a-t-il révélé. « Je pense qu’il y a une réelle chance d’arriver à une solution politique, ce qui signifie bien sûr qu’un gouvernement doit être formé très, très bientôt », a-t-il dit.
Il a également exhorté le peuple soudanais à ne pas perdre espoir. « Nous sommes dans une meilleure situation qu’il y a un an et soutenons ceux qui essaient de trouver une solution. Aucune solution n’est idéale, mais avoir une solution vaut mieux que n’en avoir aucune ».