Plusieurs cadres de la banque agricole du Niger ont été incarcérés. Ils sont accusés d’avoir détourné près de cinq milliards de francs CFA. Les agriculteurs redoutent de perdre leur argent.
Des milliers d’agriculteurs nigériens pourraient être touchés par ce scandale, tous ceux qui ont ouvert un compte à la Banque agricole du Niger, la Bagri, dans l’espoir d’obtenir un prêt pour financer leurs activités agricoles et d’élevages.
Depuis les révélations sur le détournement d’environ cinq milliards de francs au sein de cette banque, beaucoup d’agriculteurs s’inquiètent et s’interrogent sur l’avenir de leur activité.
Moi personnellement j’ai un compte. On a monté des projets en instance pour être accompagnés, pour être financés. Par exemple, des infrastructures de stockage de pommes de terre et d’oignons et pour cela on a besoin de l’accompagnement d’une banque. C’était notre espoir. Mais là cela devient un peu trop flou. Les lendemains ne sont pas bons”, souligne Amadou Ousmane Belko, producteur maraîcher et il avait placé une partie de son argent à la Bagri.
Genèse de l’affaire
L’affaire a éclaté à la suite d’un contrôle opéré par la Cellule nationale du traitement des informations financières. Des transferts suspects de fonds ont été repérés, à la suite de quoi la justice a ordonné l’incarcération de plusieurs cadres supérieurs de la banque, dont le directeur général et le directeur de la comptabilité.
Elhadj Idi Abdou, acteur de la société civile et ancien responsable de la Ligne verte, un projet écologique de lutte contre l’avancée du désert, plaide pour des peines qui soient à la hauteur des crimes révélés.
Selon lui, “dans cette affaire de Banque agricole du Niger (Bagri), ce n’est pas seulement l’argent public qui a été spolié. Cela pose aussi la question de la sécurité des clients de la banque. Des sanctions exemplaires doivent être infligées à ceux qui seront jugés coupables.”
Aujourd’hui, les organisations paysannes redoutent que cette affaire entraîne la faillite de la Banque agricole du Niger dont les agriculteurs sont les principaux usagers.
La Plateforme paysanne demande ainsi que la banque soit sauvée par l’Etat.
“Ce qui est sûr, c’est que nous n’allons pas nous croiser les bras, nous allons nous battre pour qu’effectivement la Bagri soit une banque agricole au service des producteurs et nous allons encore nous battre pour qu’on mette en place le dispositif qui permette non seulement de sécuriser cette banque mais aussi d’être durable, qui permette aux producteurs d’être les promoteurs de cette banque parce que nous en sommes dépendants”, déclare à la DW Djibo Bagna, coordonnateur de la Plateforme paysanne du Niger.
L’enquête se poursuit désormais avec les auditions des épouses des cadres de la banque incriminés ainsi que des membres du conseil d’administration.