Au Mali, le ministère malien de l’Administration territoriale invite ce 12 janvier 2023 les partis politiques à une réunion sur le projet en cours de nouvelle Constitution. Les partis d’opposition aux actuelles autorités de transition rejettent tous catégoriquement ce projet, mais avec des stratégies différentes.
Au Mali, le ministère malien de l’Administration territoriale invite ce jeudi matin les partis politiques à une réunion sur le projet en cours de nouvelle Constitution.
Un avant-projet a été remis il y a trois mois (11 octobre) au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Ce texte réaffirme notamment l’unité de l’État malien, son caractère laïque, il prévoit aussi la création d’un Haut Conseil de la Nation – l’équivalent d’un Sénat – et renforce le rôle du président.
Une fois le texte définitivement bouclé par une commission de finalisation créée par décret le mois dernier (19 décembre), un référendum sera organisé pour proposer aux Maliens d’accepter ou de rejeter la nouvelle loi fondamentale, théoriquement en mars prochain.
« Le temps ne nous permet pas d’aller à une nouvelle Constitution »
Les partis d’opposition aux actuelles autorités de transition rejettent tous catégoriquement ce projet, mais avec des stratégies différentes.
« Échanger sur les pistes » pour « une meilleure organisation du référendum » constitutionnel, tel est l’objectif annoncé dans la lettre d’invitation du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale, que RFI a pu consulter.
Cette réunion, certains partis politiques radicalement opposés à l’adoption d’une nouvelle Constitution la boycotteront.
C’est le cas des partis de l’alliance Jigiya Kura, en tête desquels le Codem, dont Alhassane Abba est le secrétaire général. « Ce n’est pas opportun, estime ce dernier. Le temps [avant la fin annoncée de la période de transition, ndlr] ne nous permet pas d’aller à une nouvelle Constitution. Ni le temps, ni la loi elle-même : la Constitution actuelle indique les mécanismes de sa révision. Les autorités actuelles n’ont même pas la légitimité pour se pencher sur cette question : la Constitution est sacrée, pour la réviser, il faut un président de la République élu et une Assemblée élue. Nous boycottons la réunion, car c’est une réunion de validation et de préparation du référendum. Un référendum avec lequel nous ne sommes pas du tout d’accord depuis le début. Aller à une telle rencontre, pour nous, serait nous dédire ».
« Nous n’allons pas faire la politique de la chaise vide »
Une position que ne partagent pas les autres membres du Cadre, des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, qui rassemble les partis d’opposition aux actuelles autorités de transition.
Amadou Koita est le président du PS-Yelen Koura et l’un des porte-parole du Cadre. « Pour nous, toutes les questions d’intérêt national doivent d’abord rassembler les Maliens pour qu’il y ait des compromis, souligne-t-il. Autant nous sommes d’accord pour des réformes, autant nous sommes d’accord pour le toilettage de la loi fondamentale, autant nous estimons que nous n’avons pas besoin aujourd’hui d’une nouvelle Constitution. C’est pour réaffirmer notre position, convenir de ce qu’on doit réviser, que j’ai décidé d’être moi-même présent à cette rencontre. Ça signifie tout simplement que nous n’allons pas faire la politique de la chaise vide, et que nous allons défendre nos positions afin de défendre la démocratie et renforcer nos institutions. Mais nous ne sommes pas pour une nouvelle Constitution : ça, c’est une aventure ! »
Les partis du Cadre affichent une unité de fond
En dépit de ces divergences sur la conduite à tenir, qui pourraient faire le jeu des autorités maliennes de transition, les partis du Cadre affichent une unité de fond : contre le projet de nouvelle Constitution, et pour une sortie rapide de la période de Transition.
La Coordination des mouvements, associations et sympathisants du très influent imam Mahmoud Dicko, a également annoncé dans un communiqué qu’elle ne participerait pas à la réunion convoquée aujourd’hui par le gouvernement. La CMAS estime que les autorités de transition n’ont pas la légitimité pour changer la Constitution et que ce n’est de toutes les façons pas le texte fondamental qui est à l’origine des problèmes du Mali. Même position pour le parti Fare de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, ou encore pour la CNAS Faso-Here de l’ancien Premier ministre Soumana Sako.