Trois mois après un nouveau coup d’Etat, les frictions se multiplient, et un départ des forces spéciales françaises, installées àOuagadougou, est sérieusement étudié.
Dix jours après la réception d’une lettre de la junte burkinabée, à Paris, demandant le remplacement de l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, et trois mois après un nouveau coup d’Etat dans un pays où le sentiment antifrançais va grandissant, les interrogations se font de plus en plus fortes sur l’avenir de la coopération militaire que la France entretenait jusque-là dans le pays. En ligne de mire : la base des forces spéciales françaises installées à Ouagadougou, depuis 2011, dont le départ est plus que jamais à l’étude, selon des sources concordantes.
Alors que le camp de Kamboinsin, siège des forces spéciales, a été un des lieux de rassemblement des manifestants favorables aux putschistes du coup de force du 30 septembre 2022, des propositions de « reformatage et de nouvelles modalités de coopération » ont été faites aux nouveaux responsables burkinabés, selon une source officielle française. Les effectifs des forces spéciales – autour de quatre cents – « resteront ici tant que les autorités [du pays] le souhaiteront, mais sous un format adapté, plus restreint, certainement avec une plus grande implication avec les forces spéciales burkinabées », déclarait, fin novembre 2022, M. Hallade à la suite d’une entrevue avec le nouveau premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla.
Mais Paris serait toujours en attente de réponse de la junte. La lettre Africa Intelligence a indiqué, jeudi 5 janvier, que le départ des forces spéciales pourrait avoir lieu en février, mais celui-ci « n’est pas acté », assure-t-on au cabinet du ministre des armées, Sébastien Lecornu. Le départ ou le redimensionnement des forces spéciales au Burkina Faso serait lié aux discussions autour de la future loi de programmation militaire et à une nouvelle feuille de route pour l’Afrique, pilotée à l’Elysée. Les vœux aux armées d’Emmanuel Macron, prévu le 20 janvier, pourraient être l’occasion d’une clarification.
Base arrière
Etre situées à Ougadougou permettait aux forces spéciales françaises de disposer d’une base arrière en Afrique de l’Ouest, et de se projeter dans tout le Sahel, au gré des différentes missions. Ces dernières années, les forces spéciales ont été des éléments-clés pour la neutralisation des chefs djihadistes, dans le cadre de l’opération « Barkhane », qui a officiellement pris fin en novembre 2022. Baptisé « Sabre », le dispositif des forces spéciales pourrait donc être relocalisé dans un pays où la France a déjà des bases permanentes, comme le Niger, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal.