En Éthiopie, un communiqué du gouvernement publié samedi 17 décembre suscite un regain de tension entre les autorités fédérales et celles du Tigré. Deux mois et demi après la signature de l’accord de paix de Pretoria, un texte publié par une agence de communication publique affirme que le gouvernement pourrait « prendre des mesures » pour préserver les habitants de la capitale Mekele du « crime organisé ».
C’est un communiqué de douze lignes, publié en anglais et en amharique, sur le compte Twitter du « Service de communication du gouvernement » éthiopien. Il ne nomme personne en particulier. Il condamne seulement « des crimes organisés » commis « spécialement à Mekele », des « vols » perpétrés « avec un accompagnement armé » et dénoncés auprès du gouvernement par téléphone par des « habitants » de la ville.
Les « criminels », qui ne sont pas nommés, seront mis « face à leurs responsabilités », ajoute le communiqué : « Le gouvernement fédéral prendra toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de la population ».
« L’Éthiopie envisage de relancer la guerre », s’est aussitôt inquiété l’analyse Rashid Abdi, de l’institut Sahan Research, soulignant que le Premier ministre Abiy Ahmed profitait du succès de son voyage de réconciliation à Washington, à l’occasion du sommet États-Unis-Afrique.
Les autorités tigréennes n’ont pas manqué de réagir, mais plus prudemment. Leur porte-parole Kindeya Gebrehiwot a répliqué en rappelant que des « crimes odieux tels que les viols, les exécutions extrajudiciaires, les enlèvements et les pillages » continuent dans les zones tenues par les forces érythréennes et amharas, qui ne se sont toujours pas retirées du Tigré.
« Je me demande comment les gens communiquent par téléphone alors qu’il n’y a pas de service téléphonique à Mekele », conclut-il.