Durant cette dernière journée du sommet États-Unis/Afrique, le président américain a appelé à une représentation permanente de l’Afrique au G20 et a annoncé vouloir se rendre sur le continent.
Pendant ces trois jours de sommet, le président américain s’est posé en porte-voix de l’Afrique, où il a d’ailleurs promis de se rendre. Ce serait ainsi la première visite d’un président des États-Unis sur le continent depuis Barack Obama qui était allé au Kenya et en Éthiopie en 2015.
Plusieurs dirigeants africains l’ont remercié pour son invitation à Washington et lui ont d’ailleurs proposé de lui rendre cette invitation. Joe Biden n’a pas précisé ni où, ni quand, il irait sur le continent.
Et financièrement, les États-Unis n’ont pas mégoté pour convaincre leurs partenaires de leur engagement pour l’Afrique : 55 milliards de dollars de coopération publique sur 3 ans et 15 milliards d’accords privés ont été conclus lors du sommet. Et un ambassadeur spécialiste du continent a même été nommé pour s’assurer que tous les engagements seront bien respectés.
L’Union africaine au G20
Enfin, M. Biden a aussi annoncé le soutien américain à une présence permanente de l’Union africaine lors des réunions du G20, car l’Afrique « doit pouvoir faire entendre sa voix dans tous les cercles qui comptent ». À l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, Joe Biden s’était déjà dit favorable à une réforme du Conseil de sécurité qui garantirait une place permanente à l’Afrique.
Ces déclarations, le président américain les a faites lors d’une session plénière sur l’Agenda 2063. C’est le projet de l’Union africaine pour faire de l’Afrique une puissance mondiale du futur par un développement à la fois durable et inclusif, en s’assurant que les Africains fassent leurs choix eux-mêmes.
Il s’agit maintenant de voir comment les États-Unis peuvent aider à ce projet, alors que d’autres puissances comme la Russie et la Chine continuent à avancer leurs pions sur le continent. Ce sujet était d’ailleurs la grande inquiétude américaine et aussi le grand non-dit de ce sommet ouvertement consacré à écouter les pays africains.
C'est le travail intense de la diplomatie américaine de reprendre contact de manière concrète et tous azimuts sur le continent africain, dans une vraie rivalité stratégique vis-à-vis de la Chine et de la Russie. Et c'est une forme de réussite au regard des chiffres sur le nombre de chefs d'État présents.
Emmanuel Véron, chercheur associé à l’INALCO et spécialiste des relations internationales
Pauline Le Troquier
« Nous avons la volonté de travailler avec les Africains »
Après la photo de famille, les présidents se sont réunis une dernière fois pour évoquer la sécurité alimentaire. Cette dernière est mise en danger par le changement climatique et les menaces sur la paix et la sécurité en Afrique, mais aussi ailleurs, notamment en Ukraine, où les exportations de céréales vers le continent sont perturbées par l’agression russe. Joe Biden a d’ailleurs promis une nouvelle aide américaine de 2,5 milliards de dollars pour la sécurité alimentaire en Afrique.
Lors de cette réunion, le président américain s’est montré satisfait de la qualité du travail durant ce sommet en s’adressant à Macky Sall, président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine. « Il y a quelques jours, on a demandé au président Sall à quoi ressemblerait un succès de ce sommet. M. le président, je me souviens que vous avez dit que les États-Unis devaient montrer « la volonté de travailler avec les Africains ». Nous avons la volonté de travailler avec les Africains et nous avons besoin de vous. Président Sall, et tous les dirigeants dans cette pièce, j’espère que nous sommes clairs. Aujourd’hui et tous les jours, ce n’est pas seulement montrer la volonté de travailler, mais faire le travail, et il y a beaucoup de travail à faire », a-t-il déclaré.
Et puisque l’heure était à l’écoute, le président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, en a profité pour demander la fin des sanctions américaines contre le Zimbabwe. Elles ont été décidées pour des violations des droits humains et contre la corruption.
Le précédent sommet du même genre datait de 2014, sous l’administration Obama et depuis pas grand-chose ne s’est passé. Les Etats-Unis sont attendus sur la durée.