Mali: démonstration de force en vidéo de l’État islamique au Grand Sahara

Mali: démonstration de force en vidéo de l’État islamique au Grand Sahara

La branche sahélienne du groupe État islamique se livre à une véritable démonstration de force. L’EIGS a publié lundi soir une vidéo de la cérémonie d’allégeance qui s’est tenue vraisemblablement à la toute fin du mois de novembre, dans la zone des trois frontières Niger-Burkina-Mali. Le Mali où l’État islamique est justement à l’offensive depuis plusieurs mois. La mise en scène de la vidéo révèle malheureusement la montée en puissance du groupe.

Des photos circulaient déjà, à présent, c’est une vidéo de près de dix minutes que la branche sahélienne du groupe État islamique a publié. Cette cérémonie d’allégeance est celle que toutes les « provinces », les divisions du Groupe État islamique à travers le monde, ont observé pour reconnaître le nouveau chef mondial de l’organisation, Abou al-Hussein al-Husseini al-Qourachi. 

Qualité de l’image, du son, du montage, cette vidéo est un outil de propagande presque « professionnel ». Une pratique devenue habituelle pour le Groupe en Irak ou en Syrie. Mais au Sahel, c’est une première, selon Djallil Lounnas, chercheur algérien spécialiste des groupes jihadistes à l’université al-Akhawayn, au Maroc, qui détaille également l’imposant dispositif que révèlent ces images au micro de David Baché, de la rédaction Afrique.

« C’est vraiment une démonstration de force ! C’est la première fois que je vois une vidéo de l’État islamique [au Sahel, NDLR] avec autant de combattants… Cent, deux cents… c’est impressionnant ! Il y a des armes légères bien sûr, comme d’habitude, des kalachnikovs… mais je remarque surtout la présence d’armes lourdes antiaériennes comme des mitrailleuses posées sur des 4×4, capables d’abattre des hélicoptères ou des avions, une quantité énorme de motos. Ce sont des groupes qui se déplacent à moto, s’appellent au téléphone, se regroupent rapidement et se dispersent ensuite… »  

Le chercheur Djallil Lounas pointe la capacité de mobilisation nouvelle de la branche sahélienne du Groupe État islamique. Due, selon lui, à l’évolution du contexte sécuritaire dans la zone. 

« Il y a quelques années, l’État islamique était pourchassé par Barkhane, c’était difficile de faire ce genre de rassemblement dans la zone des trois frontières. Il y a aussi un vide aérien qui a été mis en place par Bamako. » Une référence à la zone d’exclusion aérienne imposée par les autorités maliennes de transition à leurs partenaires internationaux sur une vaste partie du territoire, depuis janvier dernier. « Toutes ces données mises ensemble : la zone d’exclusion aérienne, l’absence de Barkhane, font que vous avez un vide sécuritaire absolu. » 

Depuis mars dernier, selon le décompte des communautés locales, les attaques de l’EIGS dans le nord-est du Mali auraient fait plus de 900 morts.