Le gouvernement du Burkina Faso issu d’un putsch et qui entend diversifier ses partenaires, a décidé d’octroyer le permis d’exploitation d’une nouvelle mine d’or à la société russe Nordgold, selon un compte rendu du conseil des ministres publié jeudi. Ce permis d’exploitation prévu pour une durée de quatre ans sur le site de Yimiougou (région du Centre nord) couvrant une superficie de 31,44 km2, permettra une production totale estimée à 2,53 tonnes d’or, selon le gouvernement. La contribution directe de cette production au budget de l’État est estimée à 5,3 milliards de francs CFA (8,1 millions d’euros) et 648 millions de francs CFA (environ 1 million d’euros) au profit du fonds minier de développement local.
Le groupe russe Nordgold, à travers ses deux filiales, la société des mines de Taparko (Somita) et Bissa gold, exploite déjà trois gisements dans le nord du Burkina Faso, en proie à des violences jihadistes depuis 2015, perpétrées par des mouvements affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. En avril, Nordgold avait annoncé l’arrêt pour «raisons de sécurité» de la mine de Taparko.
Au Burkina, avec environ 70 tonnes par an, et 17 mines industrielles, la production d’or est devenue en une douzaine d’années le premier produit d’exportation du pays, devant le coton. Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou jouit d’un soutien populaire grandissant quand la France, ex-puissance coloniale, y est vilipendée.
Le Burkina Faso n’exclut pas de réexaminer ses «rapports» avec la Russie, selon le Premier ministre burkinabé Appolinaire Kyélem de Tembela. «Nous essaierons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso. Mais il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, quel qu’il soit», avait-il dit le 19 novembre. Et lors d’une rencontre dix jours plus tard avec l’ambassadeur de France, il lui avait lancé: «Les Burkinabè cherchent une bouée de sauvetage pour leur pays et si cette bouée de sauvetage doit provenir d’un autre pays autre que la France, pourquoi pas ?»