Tunisie : le silence du président plonge le pays dans l’incertitude

Après l’euphorie, place à l’inquiétude en Tunisie. Le président a prolongé l’état d’exception et ce jusqu’à ” nouvel ordre “. Kais Saied s’était engagé à nommer un nouveau chef de gouvernement dans les 30 jours après le renvoi du 1er ministre et la suspension des activités du parlement le 25 juillet dernier. Les Tunisiens attendent toujours. Le débat s’intensifie après la joie et le soulagement qui avaient accueilli ce coup d’éclat présidentiel.

Le doute s’installe. Kais Saied est-il en train de glisser vers une forme d’autoritarisme ? Ou a-t-il tout simplement besoin de temps pour mener comme il s’y est engagé une guerre contre la corruption ? Apprécié de ses étudiants, l’ex enseignant en droit devenu président s’est transformé en cas d’étude. La rentrée des cours n’a pas encore sonné, alors, c’est en terrasse que Hedi et Minyar, étudiants en droit, débattent.

Kais Saied détient maintenant tous les pouvoirs

Hedi, 23 ans, comprend la décision du président, mais comme la plupart des Tunisiens il attend dorénavant une feuille de route, des informations sur ses plans. Ancien élève de Kais Saied, Hedi est cependant sûr qu’il n’a rien d’un dictateur en herbe : ” Il a invité les membres de la société civile pour prendre leur avis. Un dictateur c’est quelqu’un qui n’écoute personne. Mais c’est vrai que cette situation ne peut pas durer éternellement !”.

A ses côtés, Minyar, 20 ans, est plus inquiète : ” On ne doit pas tomber dans le piège, on ne doit pas être aveuglés par une personne. Kais Saied détient maintenant tous les pouvoirs. Jusqu’à quand va-t-on rester dans cet état d’exception ?! ” s’exclame la jeune étudiante. Pour l’heure, les Tunisiens doivent se contenter d’un message lapidaire publié sur la page Facebook présidentielle à minuit tapante 30 jours après le 25 juillet. Il indique que Kais Saied prolonge l’état d’exception jusqu’à nouvel ordre.

Hedi, 23 ans, comprend la décision du président, mais comme la plupart des Tunisiens il attend dorénavant une feuille de route, des informations sur ses plans. Ancien élève de Kais Saied, Hedi est cependant sûr qu’il n’a rien d’un dictateur en herbe : ” Il a invité les membres de la société civile pour prendre leur avis. Un dictateur c’est quelqu’un qui n’écoute personne. Mais c’est vrai que cette situation ne peut pas durer éternellement !”.

A ses côtés, Minyar, 20 ans, est plus inquiète : ” On ne doit pas tomber dans le piège, on ne doit pas être aveuglés par une personne. Kais Saied détient maintenant tous les pouvoirs. Jusqu’à quand va-t-on rester dans cet état d’exception ?! ” s’exclame la jeune étudiante. Pour l’heure, les Tunisiens doivent se contenter d’un message lapidaire publié sur la page Facebook présidentielle à minuit tapante 30 jours après le 25 juillet. Il indique que Kais Saied prolonge l’état d’exception jusqu’à nouvel ordre.

Une crise politique… et un succès de librairie

A la librairie ” El Kitab “, lieu emblématique du centre-ville, Amal, la libraire, est débordée par les clients qui se pressent pour préparer la rentrée scolaire et universitaire, mais aussi par les clients qui se ruent sur les livres qui tentent de percer l’énigme Kais Saeid.

Elles figurent désormais parmi les meilleures ventes. La libraire a son explication : ” Les gens ne sont pas tellement rassurés. Comme le président a prolongé le délai, on commence à tiquer. Il ne s’adresse pas aux médias. Est-ce dire qu’on risque de revenir comme au temps de Ben Ali où la liberté d’expression n’existait pas tout simplement. Vous comprenez nos craintes ? On ne sait pas ! On est dans l’expectative mais dans l’expectative vraiment inquiétante “.

Les gens ne sont pas tellement rassurés

Amal a pourtant célébré le 25 juillet, lorsque le président a annoncé qu’il gelait l’assemblée, s’emparait des pouvoirs. Pour elle, cette solution était la seule possible pour chasser enfin du pouvoir les islamistes du parti Ennahdha. ” Ils sont comme la pieuvre, ils ont imposé leurs tentacules dans toutes les administrations, dans toutes les institutions. J’étais si soulagée qu’enfin Kais Saied nous en débarrasse. Mais c’est son attitude qui nous inquiète désormais. “
Etat d’exception

Percer l’énigme Kais Saed ne semble pas facile. Personne ne l’a vu venir. Même ses collègues et amis. Enseignante universitaire spécialiste en droit constitutionnel à la Faculté des Sciences Juridiques Politiques et sociales de Tunis, Salsabil Klibi a été durant 20 ans la collègue et amie de Kais Saied. Elle l’avoue, ” jamais je n’aurais imaginé qu’il se présente un jour comme candidat à la présidentielle ! “. Jamais elle n’avait imaginé qu’il deviendrait président, encore moins que le pays se retrouve un jour dans pareille situation, 10 ans après sa révolution. “Je ne pense pas, comme lui le dit, qu’il a respecté la constitution”.

” Personne ne peut se réjouir de l’état d’exception ” insiste Salsabil Klibi. La juriste rappelle que c’est un régime qui met entre parenthèses les garanties constitutionnelles relatives aux droits et aux libertés. “Tout le monde doit être conscient de cela. Les Tunisiens connaissent bien ce qu’est l’état d’urgence, mais il faut qu’ils réalisent désormais que l’état d’exception peut avoir des conséquences sur nous tous. L’assignation à résidence peut nous concerner demain, vous, moi, n’importe quel citoyen. Et c’est pour cela, je le répète, qu’il faut s’inquiéter! “

Personne ne peut se réjouir de l’état d’exception

Plusieurs ONGs – dont Amnesty international – ont dénoncé cette semaine la prolongation de l’état d’exception. Les Tunisiens pour leur majorité continuent de soutenir leur président. Mais à force de garder le silence, le président commence à semer le doute.

” Personne ne peut se réjouir de l’état d’exception ” insiste Salsabil Klibi. La juriste rappelle que c’est un régime qui met entre parenthèses les garanties constitutionnelles relatives aux droits et aux libertés. “Tout le monde doit être conscient de cela. Les Tunisiens connaissent bien ce qu’est l’état d’urgence, mais il faut qu’ils réalisent désormais que l’état d’exception peut avoir des conséquences sur nous tous. L’assignation à résidence peut nous concerner demain, vous, moi, n’importe quel citoyen. Et c’est pour cela, je le répète, qu’il faut s’inquiéter! “